a) Les conditions du dialogue

Parmi les conditions spécifiques, on trouve en Grande-Bretagne, outre la tradition du communisme chrétien de John WYCLIFFE et John BALL au XIVe siècle, un courant socialiste chrétien¹³¹⁶. Il sert d'intermédiaire entre les idées autoritaires de CARLYLE, et le socialisme esthétique et libéral de RUSKIN. La doctrine de John Malcorn LUDLOW (né en 1820), de Frederick met MAURICE (né en 1805) et de Charles KINGSLEY (né en 1819), est hostile au libéralisme et proche du toryane social de DISRAELI. Elle propose d'unir l'Eglise et la monarchie avec les ouvriers, contre la bourgeoisie industrielle. L'expérience du socialisme utopique français, en particulier de BUCHEZ, créateur des associations ouvrières, inspire aussi les socialistes chrétiens, surtout LUDLGRL Ils créent progressivement le journal The Christian Socialist (1850), une Université Ouvrière (1852), et des coopératives, de production.

Par la suite, il n'y a jamais de coupure entre le mouvement ouvrier et la religion¹³¹⁷, L'Eglise anglicane est liée au parti conservateur, mais on trouve des chrétiens dans tous les partis. Il y a dans les années 1930 des groupes de chrétiens attirés par un communisme diffus. En 1936, l'éditeur progressiste GOLLANCZ, publie un ouvrage auquel participent chrétiens et communistes Christianity and the Social Révolution¹³¹⁸. Parmi les compagnons de route du P.C.G.B., on trouve des chrétiens célèbres comme le "doyen rouge" de Canterbury apparaît Johnson, qui a beaucoup œuvré pour la connaissance de I'U.R,S,S. en Grande-Bretagne¹³¹⁹.

Les Eglises luttent contre le racisme et l'armement nucléaire¹³²⁰. Le dialogue est engagé par les communistes en 1966 dans Marxism Today et des tribunes publiques¹³²¹. La position du P.C.G.B., est nette à l'égard des chrétiens. Dans une déclaration sur les "questions idéologiques et culturelles" en mars 1967, son comité exécutif indique que : "Nous souhaitons qu'il soit bien clair que le Parti Communiste combattra maintenant sous le capitalisme et travaillera dans le futur avec le socialisme, pour une complète liberté de pratique religieuse, pour le droit de chaque croyance de pratiquer dans sa propre église avec ses propres livres sacrés (…). Nous considérons que dans le capitalisme aussi bien que dans le socialisme, les vues religieuses et non religieuses doivent s'opposer librement. Nous souhaitons finalement bien dire que le Parti Communiste accueille les gens de toute croyance religieuse, même les prêtres, non seulement pour lutter côte à côte dans des causes communes, mais comme membres du parti, pourvu qu'ils en acceptent le programme politique. Nous n'avons jamais fait et nous ne ferons jamais d'une croyance religieuse, un obstacle à l'entrée au parti¹³²²".

Cette ouverture, se situe dans un contexte plus large, il s'agit d'abord de la nécessité d'une alliance antimonopoliste, imposée par la crise du capitalisme contemporain. Les travailleurs chrétiens sont des alliés indispensables dans la lutte pour des transformations démocratiques. L'exemple des P.C. étrangers, italien et français, en particulier du fait de Roger GARAUDY¹³²³, a été décisif. On cite souvent cette constatation du philosophe français "l'avenir de l'homme ne pourra être construit ni contre les croyants, ni même sans eux ; l'avenir de l'homme ne pourra être construit ni contre les communistes, ni même sans eux"¹³²⁴. L'attitude plus libérale des Eglises a enfin joué son rôle¹³²⁵.