CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE

Le marxisme contemporain en Grande-Bretagne, témoigne d'une fidélité à la doctrine marxiste, et d'une richesse nouvelle, conforme aux particularités nationales et à l'évolution historique.

L'unité des thèmes examinés est liée au principe de la lutte des classes. Dans l'esprit de MARX et de LÉNINE, celui ci ne suffit pas à définir le matérialisme historique, il faut y adjoindre "la reconnaissance de la dictature du prolétariat "1339.

Le combat pour cette forme d'organisation politique rejetée par tous les réformismes, de la gauche travailliste au Socialist Party of Great dans, impose l'adoption d'un projet révolutionnaire global, d'un programme, Celui-ci permet d'unifier les analyses partielles en leur donnant un but.

On comprend mieux,ainsi, les limites des études de la Nouvelle Gauche. Souvent très pertinentes, elles restent parfois proches de l'idéologie dominante, dans la mesure où elles ne s'intègrent pas à un ensemble théorique cohérent, articulé sur une pratique politique. Elles ne peuvent en tout cas servir de fondement au marxisme britannique. La même remarque peut être faite pour le courant gauchiste, dont l'apport doctrinal nous a semblé particulièrement faible.

L'étude des thèmes est significative. La Grande-Bretagne est passée du féodalisme au capitalisme, après un conflit de classes intense, comme l'ont vu MARX et ENGELS L'interprétation de la New Left en termes surtout idéologiques est fondamentalement différente ; la "nouveauté" est en fait un abandon du marxisme.

Le parti communiste britannique analyse la crise du capitalisme monopoliste d'état et défend un passage pacifique au socialisme, sur une ligne de lutte des classes La Nouvelle Gauche se contente d'observations limitées sans proposer de solution politique d'ensemble, Le Gauchisme enfin, confondant la fermeté des principes et la rigidité des attitudes, valorise l'état de guerre civile.

Enfin, communistes et trotskystes anglais tentent de donner à l'humanisme, un contenu révolutionnaire. La lutte des classes est donc bien le fil directeur de la pensée marxiste contemporaine en Grande Bretagne

Le marxisme britannique est aussi source de renouveau. Il fait renaître une histoire nationale occultée par l'idéologie dominante; la révolution de 1640, ne tient pas,en Angleterre, la place de celle de 1789, en France. Il démontre ainsi, l'existence d'une lutte dans un pays supposé pacifique.

L'importance accordée au Parlement, dans la révolution socialiste, aussi bien dans les écrits du parti communiste que dans ceux du Socialist Party of apparaît, donne au marxisme britannique, sa spécificité. Dégagée des influences étrangères, elle révèle le poids de l'institution parlementaire dans le système politique et la conscience sociale britanniques. En revanche, l'insistance du P.C.G.B. sur l'existence d'un parti unique est un legs regrettable du passé.

La place de l'humanisme socialiste, traduit au contraire les effets de la déstalinisation, dans les idées politiques en Grande-Bretagne. La réaction au phénomène stalinien donne, à l'extrême, naissance au révisionnisme.

On est amené ainsi, à une double interrogation.

Le marxisme britannique n'est-il pas menacé par l'idéologie bourgeoise ? Celle-ci est présente par endroits, dans les analyses de la Nouvelle Gauche, massivement dans les écrits théoriques sur l'humanisme, en particulier ceux de John LEWIS, Le marxisme dans sa pratique sociale, implique une rupture politique. Sans rupture théorique, il n'est pas une pensée scientifique.

A l'opposé, le programme de transition au socialisme du P.C.G.B. paraît dogmatique sur plusieurs points. Les étapes politiques ne sont pas nettement définies, le lien n'existe pas vraiment entre les tâches immédiates et les objectifs à long terme.

Le marxisme britannique, après la déstalinisation, n'est pas encore véritablement l'arme théorique d'un combat révolutionnaire. Il est partagé entre les deux tendances en apparence opposées de l'idéalisme et du dogmatisme. Elles sont pareillement un obstacle à l'analyse concrète des réalités et l'indice d'une insuffisance théorique.

Notes
1339.

V.I. LÉNINE L'Etat et la révolution op. cit. p. 360