L'histoire des partis communistes et particulièrement du P.C.G.B..
soulève cinq problèmes fondamentaux.
L'autonomie du parti et son caractère national, sont pratiquement niés par les historiens qui soulignent ses liens financier et organisationnel avec la troisième lnternationale340.Cette faire bon marché, à notre avis, de ses traits spécifiquement britanniques, et de son rôle actif dans les luttes sociales 341. La même critique que peut être adressée à Annie KRIEGEL342, selon laquelle le communisme serait une "greffe" du bolchevisme sur diverses sociétés nationales.
De façon plus générale, beaucoup d'auteurs de science politique, insistent sur le caractère anormal des partis communistes. On a longtemps comparé communisme et religion343. La sociologie américaine, au temps de la guerre froide et même après, présente le communisme comme un "danger" pour les "nations libres"344, surtout d'Europe345, ou comme une déviation pathologique346. Le type même de cette interprétation, est l'enquête d'ALMOND, conduite auprès d'anciens communistes347.
Il n'est pas étonnant que l'idéologie dominante se plaise à confiner les partis communistes dans un ghetto. Elle met l'accent plus volontiers sur les périodes d'isolement, que sur celles d'unité d'action.
On peut signaler au contraire, chez les historiens communistes, un goût pour l'autojustification, le passé renvoyant au présent qui lui sert de caution. L'appréciation du rôle de tel ou tel responsable, varie alors suivant les contingences politiques du moment. Il semble souhaitable pour éviter ce danger, de ne pas partir d'une vision volontariste de la réalité politique348.
La comparaison dans l'absolu de l'histoire et de l'importance de deux partis communistes, n'est pas possible. Alors qu'en France le P.C. est la première force politique, en Grande-Bretagne, il naît et se développe dans l'ombre du géant travailliste.
Deux événements, l'un interne, l'autre international, marquent l'histoire de la Grande-Bretagne au XXe siècle. Le point culminant des luttes sociales qui suivent l'après-guerre, est la grève générale de 1926. C'est un tournant pour le parti communiste en tant qu'organisation autonome, et dans ses rapports avec le Labour Party. Ensuite, la classe ouvrière est divisée jusqu'à ce qu'elle s'unisse à nouveau contre le fascisme. La lutte contre ce péril est un des enjeux du deuxième conflit mondial, au cours duquel le parti communiste soutient l'effort national après un temps d'hésitation. Depuis, sa situation dépend largement du niveau de tension entre la Grande-Bretagne intégrée dans le bloc occidental, et les pays socialistes. Elle continue à répondre aux objectifs qu'assignait LÉNINE, au nouveau parti révolutionnaire.
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