D) Le Parti Communiste et le premier Gouvernement Travailliste

Le premier Gouvernement Travailliste, formé à la suite des élections de 1923 est un Gouvernement de minorité qui doit compter sur le soutien libéral. Il fait donc preuve d'une prudence extrême, ne procède à aucun changement dans les appareils d'Etat. Il suscite une opposition presque constante dans la partie la plus militante de la classe ouvrière. Une contre-offensive se manifeste au début 1924 et le P.C. nouvellement réorganisé y joue un grand rôle. Il lutte contre le réformisme sur le plan interne et international.

Le Gouvernement se conduit en briseur de grèves à l'égard d'un syndicat de cheminots minoritaire437, puis en face des dockers appuyés par leur Syndicat. Il en est de même pour les ouvriers des chantiers navals438, puis les mineurs en mai 1924, Devant la tiédeur des directions du Labour Party et des syndicats en matière de chômage : les prestations sont augmentées par le Gouvernement mais le nombre des bénéficiaires réduit, il parait nécessaire au P C, au bureau de l'Internationale Syndicale Rouge et aux syndicats les plus militants, de s'organiser dans les syndicats et le Labour Party. Le mouvement national de la minorité, National Minority Movement, créé en août 1924, et dirigé par Harry POLLITT, ne vise pas, en effet, à remplacer les organisations existantes439, mais s'oppose au Labour Party, quand il viole ses promesses électorales440.

Le P.C. manifeste son internationalisme, en conduisant, en liaison avec les partis communistes français et allemand441, une action contre la guerre. Il lance un appel aux ouvriers engagés dans les forces armées en leur rappelant qu'ils sont aussi des travailleurs et en leur demandant de ne pas tirer sur les grévistes s'ils sont envoyés contre eux442. Le parti s'oppose principalement à l'occupation de l'Allemagne, au plan Dawes, au soutien aux contre-révolutionnaires en Chine et à la politique de répression pratiquée dans l'Empire, en particulier contre les communistes indiens443. Leurs dirigeants sont condamnés pour avoir voulu séparer l'Inde de la Grande-Bretagne, et organiser un parti de la classe ouvrière en Inde. Un appel est lancé par le P.C.G.B. aux travailleurs indiens, pour qu'ils distinguent entre le réformisme et la partie militante de la classe ouvrière444.

Le P.C, tout en critiquant le Labour Party, maintient sa demande d'affiliation. Suivant son Exécutif qui considère qu'il y a incompatibilité entre la démocratie parlementaire, et la dictature du prolétariat445, le Labour rejette la demande, la candidature de communistes sous l'étiquette travailliste, aux élections locales et nationales, et l'adhésion de communistes au Labour Party qui étaient à nouveau possibles depuis 1923446.

A son sixième Congrès en mai 1924447, le P.C. a terminé sa réorganisation. Un bureau politique est créé pour suivre la vie quotidienne du parti qui s'implante localement, mais souffre d'une certaine résistance au travail de masse.

La fin de cette période est marquée par deux affaires fomentées par la droite. En septembre, les Conservateurs accusent le Gouvernement d'avoir retiré des poursuites contre le directeur par intérim du Workers' Weekly pour des raisons politiques, et le censurent au Parlement. La chute du Gouvernement et la campagne électorale amènent la publication d'une prétendue lettre de Zinoviev au parti communiste, appelant le prolétariat à soutenir le traité entre la Russie et la Grande-Bretagne, à développer l'action antimpérialiste dans les usines, et à transformer la guerre impérialiste en guerre civile448. L'épouvantail de la révolution donne la victoire aux Conservateurs, malgré un progrès travailliste dans les villes et l'élection du communiste SAKLATVALA.

Notes
437.

ib. p. 254-256

438.

ib. p.256-258

439.

ib. p. 267 & s. N.V. MATKOVSKY a time son p. 38 & s.

440.

J. KLUGMANN op. cit. pp. 285-309

441.

ib. p. 298

442.

ib. p. 299

443.

ib. p. 302

444.

ib. p. 305

445.

ib. p. 317

446.

ib. p. 313 & s.

447.

ib. p. 324 & s.

448.

ib. p. 343 & s.