E) Les préludes de la grève générale 449

Jusqu'à la grève de 1926, les organisations militantes mettent en garde la classe ouvrière contre les attaques à venir, et combattent pour l'unité. Celle-ci est recherchée en vain, entre l'Internationale Syndicale Rouge et celle d'Amsterdam, malgré les efforts conjoints des syndicalistes britanniques et soviétiques. Ils s'étaient concrétisés par l'accueil fait aux délégués russes au TUC de Hull en 1924, l'envoi d'une délégation du Conseil Général en Russie pour le Congrès syndical russe, la tenue d'une Conférence à Londres du 6 au 8 avril 1925, aboutissant à l'établissement d'un conseil consultatif commun, et à une même déclaration sur la nécessité d'unir la classe ouvrière internationale450. Cette expérience sera condamnée par TROTSKY, à la huitième session plénière de l'Exécutif de l'Internationale en mai 1927 en raison de son hostilité à la politique de front unique. Il affaiblit ainsi, en fait, le mouvement ouvrier international et l'opposition à la guerre contre l'U.R.S.S. dans une période de stabilisation du capitalisme451.

L'unité ouvrière défendue par le P.C. et le mouvement de la minorité connaît malgré tout un succès dans le soutien aux mineurs452. Du fait du retour à l'étalon or et de la concurrence allemande issue du plan Dawes, le Gouvernement BALDWIN entreprend de baisser les salaires. En Juillet 1925, le syndicat des mineurs rejette une proposition des propriétaires en ce sens. Le TUC l'appuie en prévoyant une aide financière et des ordres de grève précis pour empêcher le transport du charbon. Le vendredi 31 Juillet "vendredi rouge", le Gouvernement accorde une subvention, les propriétaires retirent leurs exigences, salaires et horaires sont maintenus à leur niveau.

On annonce d'autre part, la création d'une commission royale d'enquête. Le PC souligne le caractère partiel de cette victoire qui est plutôt une trêve453, il met en garde contre un danger fasciste en Grande-Bretagne et appelle à l'action commune, les organisations où il est influent454. Ainsi, le Mouvement de la minorité en pleine extension il représente 750.000 travailleurs, contre 200.000 en 1924, met en avant à son deuxième Congrès en août 1925, le slogan "préparez-vous pour le combat à venir" et propose la formation de comités d'atelier455.

Le 27e TUC à Scarborough456 est très militant. Il appelle au renversement du capitalisme et critique l'impérialisme britannique. Les motions portant sur des actions précises sont toujours écartées. La Conférence du Labour Party à Scarborough, marque au contraire une victoire de la droite en adoptant un programme plus modéré que celui de 1918457, et en votant massivement458, l'exclusion des communistes.

L'offensive patronale a déjà commencé. En septembre 1925 naît une organisation de volontaires de type fasciste pour briser les grèves (Organisation for the Maintenance of Supplies). Un système d'exception est établi dans les transports et le pays est partagé en dix divisions, chacune sous la direction d'un ministre459. La survie du système libéral passe par la restriction des droits460 A partir du 14 octobre 1925, douze dirigeants communistes dont huit sont parmi les dix membres du bureau politique, sont arrêtés, et bientôt condamnés à des peines de prison. Pour l'accusation, le communisme vient de Russie, il cherche à "renverser le Gouvernement constitué (…) par la force," crée "un antagonisme entre les différentes classes de sujets de Sa Majesté" et incite l'armée à faillir à sa mission. Peu après, cinquante mineurs du Pays de Galles sont aussi emprisonnés. Un mouvement de soutien très important est déclenché, où le P C, loin de ralentir son activité, joue un rôle essentiel. Considéré comme l'adversaire principal par le Gouvernement, ses effectifs s'accroissent. Il a 6000 membres avant la grève461, contre 5000 seulement en 1925 et 4000 en 1924462.

Notes
449.

J. KLUGMANN History of the Communist Party of Great Britain London Lawrence and Wishart Ltd Vol. Il The général strike 1925-1927 - 1969 373 p. p. 11 & s. A. HUTT. op. cit. p. 100 & s.

450.

J. KLUGMANN. op. cit. II p. 13 & s.

451.

G. COGNIOT. op. cit. p. 96-97 A. KRIEGEL Les Internationales ouvrières -1864 • 1943 Paris PDF 1966 Que sais-je ? 2e éd. 128p. p. 92 L'attitude des dirigeants syndicalistes à cette époque explique en partie le point de vue de TROTSKY, cf. infra CH. IV I

452.

J. KLUGMANN. op. cit. Il p. 24 & s.

453.

ib. p. 34-35

454.

ib. pp. 39 • 41

455.

ib. p. 45

456.

A. HUTT. op. cit. pp. 116-118

457.

J. KLUGMANN. op. cit. II p. 60 - 61

458.

par 2.870.000 voix cont e 321.000 ib. p. 59

459.

J. MURRAY. The général strike.; of 1926. A. History foreword by William GALLACHER London Lawrence & Wishart 1951 208 p. p. 57

460.

cf. Infra CH. I 1ère partie

461.

H. PELLING. The British op. cit. p. 36

462.

ib. p. 192