F) La grève générale et la trahison des dirigeants de droite 463

La classe dirigeants poussée par un désir de revanche, après le vendredi rouge, a surtout besoin d'un conflit brutal avec les forces du travail pour restructurer l'industrie. La commission royale sur l'industrie du charbon464, qui à la différence des précédentes465, ne comprend aucun représentant des mineurs ni des organisations ouvrières, décide en mars 1926 que l'industrie minière doit être réorganisée sous direction privée, la subvention supprimée, et les salaires immédiatement réduits.

Les prévisions du mouvement de la minorité et du parti communiste sont confirmées466. A la fin de 1925, le P C a organisé des centaines de réunions malgré la répression. En janvier 1926, il propose l'élargissement de l'alliance industrielle, la création de corps de défense des travailleurs pour protéger les réunions de la classe ouvrière, la formulation d'un "programme commun pour tout le mouvement ouvrier" et le renforcement des liens entre le Conseil Général du T.U.C. et le mouvement de la minorité467.

Le P C et le mouvement de la minorité sont les seuls à soutenir les mineurs contre le rapport de la commission, bien accueilli par les dirigeants droitiers du Labour Party. Avec l'appui du P C. le mouvement de la minorité organise en mars 1926 à met une Conférence nationale d'action pour instaurer des "conseils d'action"468 autour des conseils de métiers En avril, les mineurs au sein desquels le P C et le mouvement de la minorité sont bien implantés, et qui ont des dirigeants marxistes comme Arthur HORNER et a COOK469, refusent470 les propositions patronales alors que les responsables du T U C les poussent à négocier

Les pourparlers sont pris en mains par le Conseil Général qui prépare un plan de grève partiel pour le 3 mai. Très vite, le mouvement s'étend En plus du million de mineurs, un million et demi d'ouvriers cessent le travail La presse et les transports sont particulièrement concernés471. On a mythifié la grève de 1926 en écrivant472, que s'était établi alors un double pouvoir sur la base des comités de grève et des conseils d'action, qui dans certaines régions organisent des activités comme le transport et la distribution des produits essentiels. On a même parlé473, de "contrôle soviétique" pour le Nord-est où le comité de grève refuse d'associer les représentants du gouvernement à ses tâches de répartition. L'opposition est certes «arguée entre la politique de répression du Gouvernement, aidée par les organisations fascistes, et le mouvement gréviste sur le plan idéologique, le Workers'Bulletin communiste prône la nationalisation sans compensation des mines, sous contrôle ouvrier, et la formation d'un gouvernement travailliste, alors que le British Gazette d'inspiration gouvernementale et la B.B.C. sont polarisées par l'illégalité du conflit tandis que le British Worker, lancé le 5 mai par le Conseil Général syndical, refuse d'en voir l'aspect politique.474

Il semble nécessaire475 de bien souligner les limites du mouvement de 1926, Il n'est pas lancé par les partis comme en 1920, mais créé généralement de façon spontanée autour des conseils de métiers, même s'il regroupe parfois toutes les organisations ouvrières du lieu. Certes le PC favorise l'organisation à la base en prônant la création de conseils d'action dans chaque ville476. Mais pour beaucoup d'ouvriers en grève, le problème n'est pas politique. Enfin les différentes parties au conflit ne sont pas armées477. Le Conseil Général trouve néanmoins que la grève va trop loin et éprouve la nécessité de l'arrêter478. C'est alors le début d'une politique de répression et de recul pour la classe ouvrière. Les arrestations, dont celles du seul parlementaire communiste Shapurji SAKLATVALA, se comptent par centaines, l'appel du P.C. à la poursuite de la grève est trop minoritaire, les travailleurs reprennent le travail après avoir signé des accords qui leur sont défavorables479. Les mineurs restent seuls, soutenus par le P C qui parle à propos de "l'infâme capitulation"480des dirigeants syndicaux, "du plus grand crime qui ait jamais été permis non seulement contre les mineurs mais contre la classe ouvrière de Grande-Bretagne481.

Notes
463.

J. KLUGMANN. op. cit II p. 91 & s.

464.

Etablie le 5/9/1925 ib. p, 97

465.

Commission SANKEY de 1919, Buckmaster Court of Enquiry de 1924, Mac Millan Court of Enquiry de 1925

466.

J. KLUGMANN op. cit. Il p. 95

467.

ib. p 96

468.

ib. pp. 102 104

469.

ib. p. 105

470.

H. PELLING in Histoire, op. cit. parle à leur propos d’un groupe d'hommes amers et obstinés", p, 93

471.

H, PELLING. ib, p. 194- 195

472.

J. KLUGMANN op. cit Il p. 160 & s. A. HUTT op. cit. p. 126 & s.

473.

J. MURRAY op. cit. p. 138

474.

J. KLUGMANN op. Cit. p. 138 & s.

475.

Entretien avec Jack COHEN

476.

J. MURRAY op. cit. p. 123-124

477.

Entretien avec Jack COHEN

478.

A. HUTT op. cit. p. 135 H. PELLING Histoire op. cit. p. 197

479.

J. KLUGMANN op. cit. Il p. 119 A. HUTT p, 144

480.

p, 201 H. PELLING Histoire op. cit. D. THOMSON op. cit. p. 116 y volt plutôt une victoire des citoyens et du "Socialisme parlementaire"

481.

J. KLUGMANN op. cit. Il p. 137