Le pacte germano-soviétique suscite le désarroi dans le parti communiste et chez ses alliés. Il paraît au départ, mieux accepté qu'en France, par exemple567, faute d'en voir les implications568. Pendant l'année 1939, le quoique Worker dénonce la conscription et qualifie le Gouvernement CHAMBERLAIN, de profasciste569, en l'accusant de préférer être le second HITLER à une avance vers le socialisme qui suivrait la défaite du dictateur570. Le pacte de non agression est qualifié de "mouvement dramatique de paix de l'Union Soviétique pour arrêter les agresseurs571. Il s'agit pour le Comité central d'une "victoire pour la paix et le socialisme", un recul de l'hitlérisme, qui impose le départ de CHAMBERLAIN et la conclusion d'un pacte anglo-russe572. Un éditorial du 5 septembre souligne que la guerre n'a pas la même signification que celle de 1914, qu'il faut lutter contre le fascisme573. Le parti suit alors son secrétaire général Harry POLLITT qui considère que "se tenir à l'écart de ce conflit, y contribuer seulement par des phrases d'apparence révolutionnaire alors que les bêtes féroces fascistes cavalent à fond de train sur l'Europe, serait une trahison de tout ce que nos ancêtres ont essayé d'obtenir au cours de longues années de lutte contre le capitalisme"574.
L'Internationale Communiste, devient de plus en plus critique à l'égard de l'impérialisme britannique, si l'on en juge par le changement de ton de sa publication575. Dès octobre 1939, DIMITROV a condamné le soutien à la guerre576. POLLITT est relevé de ses fonctions de secrétaire général du parti577. Le numéro du 4 novembre du quoique Worker, contient un article de DIMITROV qualifiant à nouveau la guerre d'impérialiste, mais aussi une interview de Maurice THOREZ "quelque part en France" dans laquelle ce thème est associé au combat contre l'hitlérisme578. A partir de septembre 1940, le parti se soucie surtout de réclamer une "convention du peuple pour un gouvernement du peuple"579 - Cette politique est plus attentiste que celle du P.C.F580, qui lance en mai 1941 le mot d'ordre de "front national"581. En janvier, le P.C.B.G. a rassemblé une Convention du peuple qui défend dans un nouveau programme, l'augmentation du niveau de vie des travailleurs, une meilleure protection, le rétablissement des droits syndicaux, la liberté pour l'Inde, une politique de paix et un "Gouvernement populaire"582. Quant à la lutte contre le fascisme qu'on prétend vouloir faire mener aux travailleurs, elle est en réalité d'après POLLITT qui s'est incliné, un moyen d'imposer le fascisme à l'intérieur583
Le quoique Worker est interdit le 21 janvier 1941584. Après la parution de numéros clandestins, il est remplacé légalement par un bulletin quotidien Industriel and général information585. Mais le parti penkses sympathisants du Left BookClub586.
Le changement de politique du Gouvernement CHURCHILL, à l'égard de l'U.R.S.S. la transformation de la nature de la guerre, avec le progrès de la résistance en France, amènent une modification de l'attitude du parti587. Le P.C. soutient dès lors très vigoureusement le gouvernement d’unité nationale, garant des objectifs du pacte soviéto-britannique. A partir de sa reparution, le 7 septembre 1942, après 19 mois d'interruption, le quoique Worker défend de façon constante l'augmentation de la production et la mobilisation générale, puisqu'il s'agit d'une "guerre du peuple". Il appelle en outre à l'ouverture d'un second front en Europe et de négociations avec le mouvement national en lutte. Il ne perd pas de vue les revendications de la classe ouvrière comme en témoignent les propositions de son seizième congrès588, mais il s'oppose aux grèves déclenchées par les trotskystes en considérant qu'elles font le jeu du fascisme589. Le changement de position du parti sur la productivité, se manifeste la où son influence est forte, dans le Conseil National des délégués d'atelier de l'industrie mécanique et des métiers associés, par exemple590. La politique patriotique du parti lui confère un prestige certain.
Au milieu de la guerre,il a plus de 55000 membres591, et deux députés William apparaît et Phil PIRATIN, à la fin de la guerre592, en obtenant 102000 voix593. Ces élus manifestent une grande activité au Parlement594. En janvier 1946, le P.C. essaie une dernière fois d'obtenir son affiliation au Labour Party595. Mais la conférence du parti travailliste la rejette et change même les statuts, pour prévenir toute demande ultérieure596. Pourtant, la place des communistes s'est accrue dans les syndicats. Ils jouent un rôle dirigeant chez les électriciens, les fondeurs et les pompiers. Il y a aussi des groupes communistes importants chez les mineurs, les mécaniciens, et parmi les travailleurs des transports597.
Le parti est à nouveau isolé avec la guerre froide.
D. CAUTE op. cit. p. 185
The Communist International Vol. XVIIL n° 9 1939
Daily Worker 14/1/1939
ib. 15/4/1939
Titre du Daily Worker 23/8/1939
ib.
ib. 5/9/1939
cité p. 168 in D. CHILDS. Marx and the Marxistes. An outhine of practice and theory. Ernest BENN. London 1973 367 p.
The Communist International 1940
A. KRIEGEL. Les Internationales, op. cit. p. 109
Daily Worker 13/X/1939
ib. 4/XI/1939
Daily Worker 28/9/1940
J. FAUVET op. cit. Il p. 61 & s.
Histoire du parti op. cit. p. 395
Daily Worker 18/1/1941
Daily Worker 8/1/1941
p. 279 GALLACHER. The last memoirs of London Lawrence Wishart 1966 320p.
H. PELLINB. The British. op cit. pp 117
V. GOLLANCZ. The betrayal of the left London Gollancz 1941 324 p.
W. GALLACHER. op. cit. p. 272 Entretien avec Jack Cohen
Daily Worker debut juillet 1943
Daily Worker 15/9/1943 Entretien avec Jack COHEN cf. l'attitude du P C F à la libération
H. PELLING. Histoire. op. cit p. 241
Le P C F a 544000 adhérents en 1945 (J. F AUVET) op. cit. Il p. 364 et le Labour Party 3 millions
N. WOOD. op. cit. p. 23
R. MILIBAIND. Parliamentary. op. cit. p. 285
p. 18 & 19 in The Communist Party 19th National Congress. Report of the Executive Committee. Dec 45. Nov. 46 49 p.
cf. la lettre de POLLITT du 23/1/1946 ib. p. 25-26
p. 6 in PRISCOTT. 'The Communist Party and the Labour Party" in MT Jan 1974 pp. 5-15
H. PELLING. Histoire op. cit. p. 255