Le XXe Congrès du Parti Communiste d'Union Soviétique, en février 1956, et le rapport ses sont à l'origine d'une étape du mouvement communiste international713, avivée par les événements de Hongrie714, au moment où les impérialismes français et anglais, achèvent de se discréditer par l'expédition de Suez.
Ces faits ont des répercussions sensibles sur les anti-communistes et la gauche des pays occidentaux715 et le marxisme qu'on y produit Le refus de le considérer comme un système clos, conduit,au milieu des attaques renouvelées de la part de la bourgeoisie, soit à une autocritique progressive des partis communistes, soit à l'éloignement de certains de leurs éléments, au risque d'une rupture avec la pratique sociale du mouvement ouvrier
C'est en France, l'occasion d'une vague anticommuniste716, et l'essai de créer une Nouvelle Gauche hostile au stalinisme et à un "socialisme" expert en répression coloniale717. SARTRE écrit alors à propos de Suez et de Budapest, que "la gauche française ne peut se définir aujourd'hui que par un double refus"718. Le P.C.G.B. lui, est gravement déchiré. Non seulement son orientation internationale, mais aussi son organisation interne, sont remis en question par une partie de ses membres719. Après son 24e Congrès tenu à Londres en mars avril 1956, est décidée la formation d'une commission pour examiner le fonctionnement démocratique du parti. Cette libéralisation est réduite; sur quinze membres, la commission comprend onze permanents720. Malgré tout, le Congrès "spécial" de 1957, est plein d'un esprit nouveau. Ce Congrès se consacre à l'analyse de la situation internationale et interne du parti. L'interprétation de la crise du mouvement communiste international n'est pas très originale. John GOLLAN, dans son rapport721, après avoir souligné le danger du révisionnisme dans le parti, surtout pour l'appréciation des événements de Hongrie, critique aussi le "sectarisme". Il reconnaît un certain rôle positif à STALINE, mais condamne les déviations, qu'il explique, comme le P.C.F.722, non par le système socialiste, ou le centralisme démocratique, mais par les circonstances historiques, et le caractère de STALINE. Les débats du Congrès portent essentiellement sur la démocratie dans le parti723 L'existence d'une minorité au sein de la commission nommée sur ce problème, dans laquelle se trouve l'historien Christopher HILL, est le signe d'un malaise. Pour les minoritaires724, l'absence de démocratie est la cause de nombreuses défections, en particulier chez les intellectuels, et de la création de The Reasoner, par deux membres du partie. Le P.C. va s'orienter alors vers une plus grande démocratie, mais refuse l'abandon de ce principe fondamental, qu'est le centralisme démocratique. Il paraît indispensable de lancer une revue théorique et de discussion725 ; c'est l'origine de Marxism Today. publié mensuellement à partir d'octobre 1957. Il convient aussi de revoir le recrutement des dirigeants, en pratiquant le vote secret, accompagné d'une liste de recommandations pour ne pas favoriser systématiquement les plus connus726. Le centralisme démocratique est particulièrement explicité. Le travail collectif dans le parti n'empêche pas la discipline, sans laquelle il est divisé,et ne peut jouer le rôle dirigeant qui est le sien. De même, l'obligation d'accepter une décision, n'implique pas un accord total avec elle. On peut émettre des réserves à l'égard des échelons supérieurs, mais on doit défendre la décision prise dans le parti. En aucun cas, les critiques ne peuvent être exprimées vers le bas, ce serait créer des fractions727. Cette nécessité de la discipline, est apparue au mouvement ouvrier britannique, avant la création du parti communiste728. William MORRIS prônait dans une conférence "une bonne discipline de parti" et l'un des dirigeants du British Socialist Party écrivait dans Justice le 25 juin 1914 "Dans un corps démocratique volontairement formé comme le qui la retenue de la discipline et l'adoption de méthodes de gestion ordonnées sont des choses auxquelles on n'accorde pas toujours l'attention qu'elles méritent. Par "discipline" j'entends la culture d'un esprit de solidarité et de loyauté envers le Parti (…) A l'intérieur de certaines limites bien sûr, une section a, et doit avoir une liberté d'agir. Mais on ne peut tolérer que l'exercice de cette liberté, interfère avec le mouvement ou la politique du corps principal — le parti national (…). L'esprit de ceux-là qui n'en ont jamais assez de dresser ce qu'on appelle "la base" contre ceux qui ont la malchance d'être appelés "les dirigeants", dans les syndicats ou les sections socialistes, c'est l'esprit de l'Anarchisme et non de la Social-Démocratie". La leçon reste valable.
C'est à partir de 1957 pour le P.C B G , le début d'une période de déclin relatif729, mais aussi de renouveau théorique, comme en témoigne, parmi d'autres publications, Marxism Today Sur le plan culturel, avec le départ des intellectuels du parti et l'absence de toute création véritable à part les écrits de Jack LYNDSAY, le champ est ouvert pour la Nouvelle Gauche
cf. pour les aspects généraux de la déstalinisation. Supra CH. I II
Outre la condamnation du culte de la personnalité» le XXe Congres du P.C.U.S. a l'intérêt de souligner l'évolution du rapport de force dans le monde, en faveur du socialisme, ce qui rend possible la coexistence pacifique et des formes plus variées de passage au socialisme, cf. Histoire du P.C.F. op. cit. p. 606 & s.
H. BOGDAN. Histoire de la Hongrie Paris. PU F Que sais-je ? 1966- p. 118 & s.
C. BOURDET. "The French Left-Long run trends in Universities and Left Review Spring 1957 Vol. I n° 1 pp. 13-16
Histoire du PCF op. cit. p. 622 & s.
C. BOURDET. les chemins de l'unité Paris. Maspero 1964 "Cahiers libres" 95 p. M.A. BURNIER. les_existentialistes et la politique Paris.Gallimard 1966 N.R.F. "Idées" 191 p. J. CHAPSAL. La vie politique en France Paris. PUF 1969 Themis 2e édition 618p. pp. 520-521
p. 578 in J.P. SARTRE "Le fantôme de Staline" art-cit.
Sur cette période cf. Tribune en particulier les articles de Peter FRYER.
The Report of the commission on inner party democracy 25th (Spécial) Congress of the communist Party April 19-22 1957 60 p.
Communist Party 25 tn Congress Report London C.P. 1957 78 p.
A son Comité Central de St Ouen - Résolution du 22 mars 1956 cf..Hlstoire du P.C.F.op.cit. p.610 Dans une déclaration du Comité Central du 6/7/1956 ib. p.613
cf. aussi G.W. GRAINGER, "Oligarchy in the British Communist Party" in the British Journal of Socioloqy Vol.lX 1958 pp.143-158
The Report of the Commission.op. cit. p.52
ib.
ib. p. 18 & 19
ib.
Inner Party Democracy Communist Party 1963 (texte de 1957) 32 p. p. 5 & 6
cf. supra CH Il I