3 - Le programme de transition

Elaboré par TROTSKY à la fin de sa vie, il constitue pour l'essentiel, le projet politique des organisations trotskystes actuelles. Il part d'une première constatation, le capitalisme est à l'agonie, mais la direction du prolétariat traverse une "crise historique"⁸¹¹, elle est "opportuniste"⁸¹², d'où l'impossibilité d'une révolution socialiste. Le ses est devenu un instrument de la bourgeoisie. L'impérialisme menacé a trouvé deux ressources ultimes pour lutter contre la révolution prolétarienne : les fronts populaires et le fascisme, La tâche de la Quatrième Internationale est de résoudre ce problème⁸¹³. C'est dans cette optique que se situe le "programme de transition". "La tâche stratégique de la prochaine période - un période pré-révolutionnaire d'agitation, de propagande et d'organisation - consiste à dépasser la contradiction entre la maturité des conditions révolutionnaires objectives, et l'immaturité du prolétariat et de son avant-garde (la confusion et le découragement de la vieille génération, l'inexpérience de la nouvelle). Il est nécessaire d'aider les masses dans le courant de la lutte quotidienne à trouver un pont entre les exigences présentes et le programme socialiste de la révolution. Ce pont devrait comprendre un système d'exigences transitoires, partant des conditions d'aujourd'hui et de la conscience actuelle de vastes couches de la classe ouvrière, et aboutissant inéluctablement à une conclusion finale : la conquête du pouvoir par le prolétariat''. Cela, d'après TROTSKY, est très différent du programme habituel de la social démocratie et de ce qu'est devenu le programme du ses, dans lesquels le programme minimum de réforme dans le cadre capitaliste, ne semble avoir aucun lien avec le processus révolutionnaire⁸¹⁴. TROTSKY propose des mesures concrètes, en particulier en matière sociale, pour gagner les masses⁸¹⁵. Il insiste sur la création de comités d'usine⁸¹⁶, mais surtout sur la fondation, et c'est pour lui l'essentiel, de partis révolutionnaires, comme sections nationales de la Quatrième Internationale⁸¹⁷. Les idées de TROTSKY ont donc changé sur ce point capital, par rapport à la période antérieure où il pensait la démocratisation des partis communistes possible de l'intérieur. L'U.R.S.S. en tant qu'Etat ouvrier dégénéré aboutira ou bien à ce que la bureaucratie soit de plus en plus "l'organe de la bourgeoisie mondiale dans l'Etat ouvrier", et renverse les nouvelles formes de la propriété pour revenir au capitalisme, ou bien à ce que la classe ouvrière se développe, écrase la bureaucratie et ouvre le chemin du socialisme⁸¹⁸. La lutte contre "l'inégalité sociale et l'oppression politique" en U.R.S.S. doit amener une grande liberté des syndicats et des soviets et la pluralité des partis "soviétiques"⁸¹⁹.

La Quatrième Internationale déclare une guerre sans compromis à celles qui l'ont précédée⁸²⁰. Mais en séparant trop nettement l'état ouvrier de sa bureaucratie, le trotskysme favorise l'impérialisme qu'il prétend combattre. Sur le plan théorique, le programme de transition est imprégné de certaines caractéristiques du gauchisme : incapacité à analyser concrètement les rapports sociaux, méconnaissance de la nécessité des compromis.