2 - L'International Marxist Group I.M.G.

L'I.M.G. est issu de la scission de la 4e Internationale en 1953. La minorité opposée à apparaît a travaillé dans le Labour Part. L'I.M.G, défend ses positions dans The Week à partir de 1964, puis dans International quand il existe publiquement en 1968. En 1969, comme la Ligue Communiste en France, il est reconnu comme section officielle de la 4e Internationale⁸⁴⁵. Le mouvement, qui ne compte que quelques centaines de membres⁸⁴⁶, joue un certain rôle dans l'organisation des grèves⁸⁴⁷. Outre, International, bimensuel, dont l'objet est théorique, I.M.G. publie La Taupe Rouge (The Red Mole) bimensuel également. Cette publication, dirigée par Tariq Ali est spécialisée dans les problèmes internationaux et étudiants. En mars 1970, elle a pris la suite de Dwarf (Le Nain). Destiné aux militants qui se reconnaissent dans les luttes de 1968 en France, le Dwarf n'avait pas réussi à créer une organisation. C'est la tâche que se fixe The Red Mole. tout en admettant qu'elle est surtout implantée en milieu universitaire⁸⁴⁸. En juillet est formée une ligue Spartacus⁸⁴⁹.

Si l'on en juge par les articles d'International, il semble que la stratégie de la 4e Internationale soit déterminée à l'échelle européenne. La 4e Internationale considère avec beaucoup d'optimisme la stratégie d'entrisme élaborée dans les années 50. Le changement de situation dans les années 60, avec le développement des luttes de masses, impose une nouvelle orientation. Il s'agit toujours de construire des "partis révolutionnaires de masse", mais il n'est plus question de servir de force d'appoint aux tendances de gauche des organisations réformistes, puisque les éléments les plus militants apparaissent en dehors d'elles. La formation de la nouvelle avant-garde ne peut être, à l'époque considérée, que l'amorce des partis léninistes⁸⁵⁰- Ces organisations révolutionnaires marxistes doivent participer à toutes les luttes de masses, les coordonner en fonction du programme de transition, afin de renverser l'autorité des patrons et de l'Etat, et de créer les organes d'un double pouvoir, préféré à une voie parlementaire et électoraliste de transition au socialisme. Le "modèle socialiste" est un Etat fondé sur les conseils ouvriers (workers'councils) et une autogestion centralisée de façon démocratique⁸⁵¹. Ce sont les positions défendues en France par le Front communiste révolutionnaire fondé par l'ex-Ligue Communiste en avril 1974, à l'occasion des élections présidentielles⁸⁵². A la lumière de la crise du capitalisme britannique, I'I.M.G. met en avant l'idée d'une grève générale comme aboutissement de toutes les luttes. Cette approche est confirmée au dixième Congrès de la Quatrième Internationale, réuni en Suède, qui s'est donné pour objectif de "conquérir l'hégémonie au sein de (la) nouvelle avant garde"⁸⁵³.

L'analyse de la société britannique est imprécise. Constatant le déclin de l'impérialisme britannique, l'I.M.G. prévoit un affrontement entre le pouvoir et la classe ouvrière. Celle-ci lui parait de plus en plus avancée dans ses luttes, mais encore en retard dans sa conscience politique, L'I.M.G. se fixe la tâche de coordonner les combats sectoriels. Les autres organisations progressistes lui paraissent trop attachées aux succès du Labour Party⁸⁵⁴. Un éditorialiste d'International juge le P.C.G.B., réformiste. Il ne serait anticapitaliste qu'en cas de conflit entre le capitalisme et la bureaucratie soviétique⁸⁵⁵.

Les pays socialistes sont ainsi critiqués. L'U.R.S.S.,est en transition entre le capitalisme et le socialisme. Ou bien les travailleurs réussiront à éliminer le parasitisme social des bureaucrates et à harmoniser la planification, ou bien ces bureaucrates détruiront la planification, et rétabliront la propriété privée⁸⁵⁶.

Finalement, ce mouvement est d'une importance assez restreinte. L'I.M.G. reconnaît lui-même que malgré sa participation à diverses luttes, en particulier dans la solidarité anti-impérialiste, le mouvement révolutionnaire se fragmente⁸⁵⁷.