CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE

Les organisations marxistes sont très minoritaires en Grande-Bretagne. Elles sont apparues dans ce pays, dix ou quinze ans, plus tard qu'en France ou en Allemagne. Depuis, elles n'ont pas réussi à entamer la domination du réformisme, sur le mouvement ouvrier. Malgré la crise du capitalisme et le développement de luttes radicales, le combat de la classe ouvrière reste essentiellement économique.

Parmi les groupements marxistes, un seul est véritablement l'héritier de la tradition révolutionnaire britannique, le parti communiste, Les autres sont de formation plus récente et ne constituent pas des partis.

Depuis plus d'un demi-siècle, le PC, combat l'impérialisme dans son centre. Il avance un projet révolutionnaire, axé sur la politisation des luttes sociales En fait, ses succès restent cantonnés à la société civile, sauf par le biais de son influence dans les syndicats. Il est très rarement accepté comme un partenaire politique digne d'intérêt. Les résultats électoraux sont dérisoires, alors même qu'il se détache du centre de pouvoir que représentait le mouvement communiste international. C'est essentiellement la nature de classe du parti, qui le distingue des deux autres courants.

La Nouvelle Gauche et le gauchisme, sont plus ou moins nés de l'incapacité du parti communiste, à se dégager d'un certain ouvriérisme, lié en partie à sa composition, et d'un dogmatisme hérité de la période stalinienne» Le vieillissement des dirigeants, n'est sans doute pas de nature à donner de lui, une image très dynamique915. Bien évidemment, la création de tendances non communistes, dans le marxisme contemporain en Grande-Bretagne, n'est pas surtout l'expression d'un conflit de générations, ou des faiblesses du P.C., mais plutôt d'un sentiment ambivalent, dans des couches sociales victimes du capitalisme. Elles désirent un changement révolutionnaire, mais elles refusent le rôle dirigeant du parti communiste.

Il faut séparer nettement, la Nouvelle Gauche, née du désarroi de quelques intellectuels au temps de la déstalinisation, et d'une insuffisante démocratie dans le P.C., des mouvements gauchistes, dont l'objectif premier, n'est pas de faire évoluer le parti communiste, mais de le remplacer. La Nouvelle Gauche reproche au P.C, l'insuffisance plus de ses analyses, que de son activité. Elle est donc portée à se livrer à un travail surtout théorique, orienté principalement sur les questions culturelles. Cet effort pallie les lacunes du parti communiste. Quant à l'oubli partiel du marxisme par la New Left, nous verrons qu'il présente des dangers. Mais leur effet sur la pratique politique est très médiatisé, vu le caractère essentiellement intellectuel du mouvement.

Au contraire, les groupes gauchistes, sauf quelques cas marginaux comme le S.P.G.B., se soucient surtout d'action, sinon d'activisme. Leur comportement revêt un caractère paradoxal. Ils n'ont pas d'implantation ouvrière véritable, mais prétendent opposer la base aux dirigeants du mouvement ouvrier. Ils aboutissent ainsi, à isoler les travailleurs les plus militants, et à attirer l'attention de l'opinion sur des cas marginaux.

Malgré leurs divergences, parti communiste. Nouvelle Gauche, et Gauchisme, conservent une inspiration théorique commune, héritée des classiques du marxisme. Mais l'apport des trois courants au développement des idées est très inégal. Le parti communiste a la première place, il sert de référence. C'est un véritable intellectuel collectif, depuis que le mouvement communiste international, a rendu leur autonomie, à ses composantes nationales. Les intellectuels de la Nouvelle Gauche ont souvent des idées très originales, et leurs analyses sont mieux connues dans les milieux universitaires. Quant aux groupes gauchistes, leur référence perpétuelle au marxisme-léninisme recèle en fait, son abandon. Ils n'analysent pas des situations concrètes, mais se contentent d'émettre des idées souvent figées.

Il semble donc, qu'au niveau de l'activité politique, la pratique d'une ligne de lutte des classes sur tous les fronts, soit uniquement le fait d'une organisation d'avant-garde de la classe ouvrière, comme le parti communiste. Il faut voir s'il en est de marne, sur le plan doctrinal, celui de la théorie de la lutte des classes.

Parmi les problèmes étudiés par les courants marxistes, trois d'entre eux nous ont paru les plus importants. Il s'agit de la transition du féodalisme au capitalisme, du passage au socialisme, et de l'humanisme socialiste. C'est la trame de l'évolution historique.

Notes
915.

Citons le cas de PALME DUTT décédé à 79 ans, en décembre 1974. Resté membre du Comité exécutif de 1922 à 1965, il refuse en 1968, de condamner l'intervention soviétique en Tchécoslovaque. cf. Le Monde 22-23/XI1/74. Le nouveau secrétaire général du parti, qui succède à John GOLLAN, Cordon Mc LENNAN, n'a que cinquante ans. Il appartient au comité exécutif depuis 1957.