DEUXIEME PARTIE DES THEMES COMMUNS : AUTOUR DE LA LUTTE DES CLASSES

CH. I - LA CONFIRMATION DE L'ANALYSE MARXISTE DE LA RÉVOLUTION DE 1640 PAR L'HISTORIOGRAPHIE :LE PASSAGE DU FÉODALISME AU CAPITALISME

La nature et la portée de la révolution anglaise de 1640,font l'objet d'une vive controverse, au même titre que la formation de la classe ouvrière et de ses organisations916.

L'interprétation de la question, héritée de MARX et d'ENGELS, met en avant le rôle de la lutte des classes dans un processus de transition917. Elle est très contestée, mais l'historiographie la plus récente lui apporte une nette confirmation. Celle-ci n'empêche pas une divergence de vues des courants marxistes.

MARX, et surtout ENGELS, ont présenté cette révolution, comme un exemple type de révolution bourgeoise, au même titre que la révolution française de 1789. Ce point de vue, défendu magistralement aujourd'hui, par l'historien communiste918, Christopher HILL, tranche sur les approches traditionnelles du problème, d'inspiration libérale ou conservatrice. En effet, on a souvent préféré se consacrer à la "glorieuse révolution" de 1689919, qualifiée justement par ENGELS, d' "événement relativement mesquin"920, mais plus conforme à la respectabilité britannique.

Paradoxalement, l'analyse marxiste est partiellement remise en cause par ANDERSON et NAIRN, deux jeunes intellectuels de la New Left, c'est-à-dire, du marxisme indépendant.

L'enjeu de la question est le suivant. On a souligné l'opposition entre l'intérêt porté par MARX et ENGELS et leurs successeurs, à l'Angleterre, et la faiblesse du marxisme contemporain dans ce pays. Y aurait-il, dès l'origine, une lacune de l'analyse marxiste à son égard ? Sa spécificité échapperait-elle au matérialisme historique ? Le marxisme serait-il par conséquent, inapte à guider le mouvement ouvrier britannique ?

Nous verrons en fait, que la révolution anglaise, de par sa nature de classe, son idéologie et ses résultats, relève des cadres généraux du marxisme. Dans un souci de précision croissante, nous envisagerons successivement, les approches générales de la révolution anglaise, la transition du féodalisme au capitalisme, la nature de la gentry et le caractère bourgeois de la révolution.

Notes
916.

cf. supra Introduction & Ch. I 1e partie

917.

J. DOMARCHI. Marx et l'Histoire Paris. L'Herne 1972 Collection Essais et Philosophie n° 7 271 p. N. POULANTZAS. "La theorie politique marxiste en Grande-Bretagne" in T.M. mars 1966 n° 238 pp. 1683 - 1707 (Essentiel) N. POULANTZAS. Pouvoir politique et classes sociales Paris. Maspero 1971. T.l 200 p. - T.V. 196 p. cf. surtout I p. 178 & s.

918.

C. HILL quitte le P.C. en 1957 après avoir fait partie de la minorité favorable à une démocratisation (cf. supra CH. IIL 1e PARTIE). Mais ses travaux restent indiscutés.

919.

cf. R. MARX op. cit. p. 240 & s.

920.

F. ENGELS, in Préface à la deuxième édition anglaise de Socialisme utopique et socialisme scientifique p, 296 in K. MARX, F. ENGELS. Sur la religion : op. cit.