B) Les moyens d'en sortir

La nature du mouvement ouvrier britannique, l'échec des Gouvernements travaillistes, conditionnent très étroitement la politique envisagée : "la lune du mouvement ouvrier pour de meilleures conditions de vie, pour la démocratie et une politique socialiste, implique non seulement une opposition aux Conservateurs mais aussi à l'aile droite à l'intérieur même du mouvement ouvrier".1055 Seule l'alliance des communistes et des travaillistes, l'unité du mouvement ouvrier, refusées par l'aile droite, peuvent permettre une avance décisive vers le socialisme1056.

Le P.C.G.B. envisage, une fois réalisée l'unité de la classe ouvrière, de constituer sous la direction de celle-ci, "une large alliance populaire"contre la politique des monopoles1057. Le problème est de passer de luttes parcellaires, à une prise de conscience de la nature de la société. Si les dirigeants du mouvement ouvrier ouvrent une perspective socialiste claire, la majorité du peuple peut se rassembler contre les monopoles. Ainsi sera réduite la base de masse du parti conservateur, "le parti des grandes affaires"1058. Le développement de "tous les moyens démocratiques traditionnels de lutte" parlementaires et extraparlementaires, et un grand mouvement populaire pour une politique nouvelle, ouvriront la voie à une transition vers le socialisme. Le premier type d'action doit porter sur le niveau de vie, l'instauration d'un salaire minimum, la liberté de négociation des syndicats, la fin des discriminations dans l'emploi et des pouvoirs arbitraires des patrons en matière de licenciement. Il faut surtout, pour réaliser une "véritable avance démocratique" en Grande-Bretagne1059, étendre la propriété publique sur l'économie1060. Les nationalisations accompagnées d'une gestion démocratique par un bureau de travailleurs et de techniciens seront la base d'un programme d'expansion dans un cadre planifié et se feront sans compensation excessive1061. On prévoit la "propriété d'Etat" de l'électronique et de l'informatique, la "propriété nationale" dans le domaine énergétique, la "propriété publique" du système des transports, des docks aux avions, la "nationalisation" des firmes chimiques, des secteurs clefs de l'engineering, de la construction navale, des matériaux de construction, de la banque, de l'assurance et de la terre urbaine. La revendication syndicale de participer aux décisions économiques sera satisfaite par un pouvoir de consultation et de participation aux décisions de gestion, à tous les niveaux.

Les relations internationales se traduiront sur le plan économique, par la fin des monopoles étrangers et du capital américain en Grande-Bretagne, la suppression du rôle de monnaie de réserve de la livre et le retrait du Marché Commun. Au niveau politique, la lutte contre l'impérialisme, vise la coexistence pacifique et la fin du colonialisme. Ce combat devrait se traduire en particulier par la dissolution de l'OTAN, puis du pacte de Varsovie au profit d'un système collectif de sécurité européenne, et le retrait des troupes britanniques des territoires étrangers et de toute force armée étrangère en Grande-Bretagne1062. La question irlandaise doit être réglée par la fin de la partition et le retrait des troupes, pour former une république unifiée1063.

Sur le plan de la politique interne, le peuple britannique doit poursuivre son vieux combat pour des droits démocratiques, la préservation des libertés de parole, de réunion, de grève… un contrôle populaire des moyens de communication de masse et la lutte contre toute espèce de discrimination1064. Le P.C.G.B. demande l'abaissement du droit de vote à dix-huit ans, l'instauration de la représentation proportionnelle, l'abolition de la Chambre des Lords, et l'établissement en Ecosse et au Pays de Galles de parlements ayant un pouvoir décentralisé1065.

Sur le plan social un vaste programme irait de la lutte contre la pauvreté, de la construction de logements sociaux, au développement du système scolaire, sur la base des "comprehensive schools".

Notes
1055.

ib. p. 19

1056.

ib. p. 25

1057.

ib. p. 28

1058.

ib. p. 29

1059.

ib. p. 31

1060.

ib. p. 31 &s.

1061.

ib. p. 32

1062.

ib. pp. 35 - 37

1063.

ib. p. 37

1064.

ib. p. 39 & s.

1065.

A. MURRAY. "l'Ecosse et la question nationale" in N.R.I. mars 1975 pp. 98-113