1/ Alliance de classes et alliance politique

Alors que pour le P C G B , l'essentiel est d'abord de réaliser l'unité de la classe ouvrière, dominée par une direction réformiste, il s'agit pour le P.C.F. de réaliser autour de la classe ouvrière, une vaste alliance antimonopoliste¹¹¹⁰. Les efforts pour unir le mouvement ouvrier français¹¹¹¹, et la leçon de 1968, ont conduit à la signature d'un programme commun de gouvernement, entre le parti communiste et le parti socialiste. Les textes politiques du P C,F , partent donc d'une réalité en germe dès 1963 et concrétisée par le succès relatif du candidat commun de la Gauche, en 1974¹¹¹². Un double problème se pose aujourd'hui, comment éviter que la social-démocratie ne retombe dans sa vieille pratique de collaboration de classes ; de quelle façon assurer un élargissement de l'Union de la Gauche, à une union populaire ?

La stratégie du P.C. britannique repose, elle, sur des éléments plus hypothétiques. Le recul de l'impérialisme devrait amener un déclin du réformisme dans le mouvement ouvrier, mais le processus n'est pas mécanique. L'évolution à gauche des syndicats doit se traduire sur la politique du Labour Party. Une victoire de la gauche dans le parti travailliste est la condition indispensable pour l'élection d'un véritable Gouvernement socialiste, et le recul du pouvoir des monopoles¹¹¹³. Les conférences du Labour Party depuis 1972 sont encourageantes, des députés de la gauche travailliste participent à des réunions avec les communistes, où écrivent occasionnellement dans le Morning Star. Malgré tout, si certains,comme Eric HEFFER, condamnent l'anticommunisme manifesté par le Labour au moment de la grève des mineurs, ils n'en jugent pas moins pour autant inutile, toute alliance avec le P.C. qui leur semble vieilli, et dépassé sur sa gauche¹¹¹⁴. Il y a donc une différence fondamentale, entre l'élaboration par deux partis, d'un programme commun sur un pied d'égalité, et l'influence indirecte que peut avoir le P.C.G.B., sur la détermination des options travaillistes.

La stratégie des deux partis communistes, est conforme aux principes adoptés à la Conférence communiste de 1969, et formulés de cette façon "les communistes, qui attachent une importance capitale à l'unité de la classe ouvrière, s'affirment en faveur d'une collaboration avec les socialistes pour instaurer aujourd'hui un régime démocratique avancé et pour construire demain la société socialiste"¹¹¹⁵. Les communistes chinois ont toujours apprécié sévèrement la nature des partis socialistes : "ils sont au service de la bourgeoisie et du capitalisme, exception faite d'une infime minorité constituée par l'aile gauche (…). Sur la question de la révolution socialiste, notre position est foncièrement différente de celle des partis socialistes (…). Cependant, il est hors de doute que le renforcement du travail auprès des partis socialistes et l'établissement d'un front uni avec l'aile gauche et les éléments centristes de ces partis sont très importants"¹¹¹⁶. Cette appréciation chinoise méconnaît la structure particulière du parti travailliste composé pour l'essentiel de syndicalistes, et l'opposition entre une aile droite et une aile gauche. Depuis l'interdiction définitive faite au P.C. d'adhérer au Labour Party, en 1946, c'est par le biais des syndicats, que peut être assurée la victoire de la gauche¹¹¹⁷.