3. Annexe : monnaies et prix

Au XIXe siècle, le rôle de la monnaie reste restreint. Nombre de produits sont autoconsommés et ne circulent pas. Les échanges familiaux ou villageois se font en nature ou en travail. Même dans les contacts commerciaux la monnaie est peu utilisée : le commerçant avance plus des produits (semences, objets manufacturés etc.) que de l’argent et reçoit en retour du paddy.

Les relations d’échange ont toujours un caractère interpersonnel particulier. De ce fait, le « prix », qui apparaît sur un marché comme celui de Phnom Penh, se comporte comme le prix des denrées sur certains marchés libres existant aujourd’hui (sucre, pétrole) : ne jouant en fait que sur des quantités marginales, il est très fluctuant et peu représentatif.

Il existe des monnaies. La production intérieure de métaux précieux au Cambodge étant nulle, l’extension de la circulation monétaire dépend de l’existence d’un excédent commercial, ce qui se traduit par la prédominance des monnaies étrangères. Une pièce a été frappée par Ang Duong, puis par Norodom, mais elle est peu répandue  59 . Sa valeur argent étant inférieure à celle des pièces les plus communes, elle tendait à être encore plus dépréciée. Toutes les monnaies d’argent de bon aloi sont acceptées et échangées en fonction de leur poids. Les plus courantes sont :

Les taux d’échange de ces monnaies ne sont évidement pas constants Les monnaies d’argent fluctuent autour du rapport de leur poids. Par contre, la ligature peut osciller de façon plus importante. Vers 1875-1880, les taux restent assez stables :

1 barre d’argent = 15 piastres = 100 ligatures de sapèques

La conversion en Franc-or (Franc germinal jusqu’en 1914) pose évidemment le problème du rapport or/argent. Jusque vers 1890, le taux du franc change peu en Indochine :1 piastre = 5,35 F (le Franc est donc proche de la ligature 1 $ = 6 ligatures).

A partir de cette date, il se produit d’amples fluctuations, qui gêneront plus les autorités coloniales que les autochtones (cf. l’annexe sur le niveau des prix).

Notes
59.

Hartenstein (1907) donne de nombreux détails sur les monnaies indochinoises, monnaies réelles ou monnaies de compte.