Chapitre 5. Esclaves, exclus ou régnicoles : les « étrangers »

La royauté khmère a une prétention affirmée à régenter de façon étroite les ethnies non khmères. On a vu (Ch. 2) qu’elle contrôle leur accès au sol par le biais de la propriété publique, dont elle ne concède l’usage qu’à titre précaire.

Cependant, tous les étrangers ne sont pas défavorisés et on les trouve à tous les niveaux statutaires. Certaines minorités peu nombreuses subissent des formes d’assujettissement directement issues d’un esclavage organisé, mis en place pendant la période de grandeur passée de la royauté cambodgienne (S.1). Les Chinois forment un groupe très hétérogène au niveau de ses conditions économiques d’existence. Certains sont des coolies, salariés/non-libres, dont le séjour au Cambodge est en principe temporaire (S.2). D’autres s’adonnent à l’agriculture sur les berges des fleuves : lourdement taxés par le roi, intégrés à des échanges marchands cartellisés, ils sont amenés à se rapprocher du pays khmer dont leurs descendants adoptent rapidement les coutumes et le mode de vie (S.3). La minorité vietnamienne, qui étend rapidement son influence par une immigration constante, occupe une place particulière : tolérée, voire attirée, pour des motifs d’ordre économique et fiscal, elle est simultanément exclue de la vie politique et sociale (S.4).