1. Le budget « officiel »

Il n’existe pas de budget unique, puisque l’obbareach, la reinemère et les dignitaires ont des ressources propres. Pourtant, on dispose d’une compilation très détaillée fournie par Moura, qui concerne les recettes de 1873 (AOM Aix 12.634). Bien que Moura ne mentionne pas ses sources, l’organisation du document, ses titres peu orthodoxes, suggèrent qu’il s’agit d’une simple traduction de documents originaux, à peine mis en forme pour l’occasion.

Il y a quatre grandes divisions revenus du roi, de la reine-mère, de 1’obbareach, des principaux dignitaires de la cour. Moura a en outre estimé les revenus des gouverneurs et les amendes. Je ne présente ici qu’un abrégé (converti en piastres), en reprenant les titres très significatifs de Moura

Tableau 34 - Revenus généraux du Cambodge
Tableau 34 - Revenus généraux du Cambodge

Les grands principes de l’organisation de la perception apparaissent dans ce tableau (et dans le document cité) : une partie des taxes est affectée directement pour rémunérer l’administration. Tout repose sur des partages complexes : les dignitaires ont des « morceaux » de taxes royales, sans doute pour permettre au roi d’exercer un contrôle. Si on rentre dans le détail des recettes, on se trouve confronté à un patch-work ubuesque. Certains tributs provinciaux sur la cire ou la gomme-gutte ne rapportent que 100 $, témoignant d’une recherche de la matière imposable allant jusqu’à l’absurde. A côté de cela, la seule ferme de l’opium en boule fournit plus de 300.000 $ et le « rachat des corvées » 80.000 $

En synthétisant le document de Moura pour mettre en évidence les grands types d’impôts, et notamment en séparant les taxes selon la typologie qui prévaudra après 1899, on obtient le tableau suivant, comprenant également les années 1881 et 1884.

Tableau 35 - Les divers types d’impôts. 1873, 1881 et 1884 (milliers de $)
Tableau 35 - Les divers types d’impôts. 1873, 1881 et 1884 (milliers de $)