2. L’ordre de la révolte

Pour le paysan cambodgien, le pouvoir c’est toujours l’abus, mais cette prise de conscience est suivie de peu d’effet, car la seule arme disponible est la force collective, peu efficace, puisqu’elle s’incline face à de simples individus, pour peu qu’ils fassent preuve d’une certaine détermination. On comprend alors le rôle tout à fait concret que le roi a à jouer : son excès de pouvoir est une garantie contre toutes ces forces multiformes et insaisissables. Le roi est le seul à ne pouvoir être bon et mauvais : il est l’un ou l’autre. Dans le premier cas, la paysannerie cherchera à attirer son attention sur les excès, souvent commis en son nom (2.1) ; dans le second cas, elle s’engagera plus avant dans les mouvements de contestation qui visent la personne du roi (2.2). Ces luttes, qui peuvent avoir une grande ampleur, ne triomphent que si elles se propagent très rapidement : le retour à l’ordre est une préoccupation essentielle des paysans, et plus encore des dignitaires, même lorsque le pays se rassemble contre l’ennemi extérieur (2.3).