5.3. L’évolution globale de la charge fiscale

On dispose donc, aux prix de quelques approximations, de chiffres de l’ensemble des prélèvements effectués, tous budgets réunis, de 1899 à 1929. Si ces chiffres sont homogènes entre eux, ils ne le sont que très imparfaitement avec ceux des périodes précédentes que l’on peut obtenir

- de 1893 à 1898 : les taxes indirectes sont perçues par la Cochinchine (opium et douanes), l’alcool ayant un régime intermédiaire (ferme). On ne dispose donc dans les budgets en recettes, que d’un reversement dont les documents montrent qu’il est évalué de façon fort arbitraire et qu’il semble bien pour l’ensemble désavantager singulièrement le protectorat.

- de 1886 à 1892, on dispose de chiffres pour l’opium et les douanes, mais il s’agit de recettes brutes. Or, pour la période suivante, je n’ai retenu que des recettes nettes. Il faut donc défalquer des frais d’approvisionnement et de gestion qui ne peuvent qu’être évalués en fonction des indications de la période suivante ou des estimations de Piquet (De Lanessan 1890).

Tableau 62 - Les taxes « indirectes » du budget royal (jusqu’en 1884)
Tableau 62 - Les taxes « indirectes » du budget royal (jusqu’en 1884)
Tableau 63 - Les taxes « indirectes » ; la régie directe (1885-1892)
Tableau 63 - Les taxes « indirectes » ; la régie directe (1885-1892)

Au total, les perceptions officielles du budget de 1873 sont de 560.000 piastres, s’élevant à 730.000 $ en 1881 et 780.000 $ en 1884. Ceci ne représenterait qu’une trentaine de kgs de paddy par tête, mais nous savons que de nombreux frais de perception ne sont pas comptabilisés.

En 1888, le total des taxes s’élève déjà à un peu plus d’un million de piastres (40 kgs/tête) et en 1892 à presque 1,4 millions (52 kgs/tête).

Si on compare ces valeurs à celles observées sur la période suivante, elles paraissent très basses. L’ajustement sur les années 1899-1929 rétropolé donnerait 45 kgs par tête vers 1870. Compte tenu de la médiocre qualité de l’ajustement et de l’éloignement de la date de rétropolation, ce chiffre n’est guère significatif, mais il concorde assez bien avec les évaluations directes que l’on peut faire (cf. Ch. 4) qui permettent d’estimer à un million de piastres le budget de 1873. (environ 45 kgs de paddy par tête).

L’observation des données intermédiaires depuis 1886 jusqu’à 1899 suggère que la hausse de la taxation a été particulièrement rapide pendant cette période : les impôts pris en main par le Protectorat voient leur rendement croître singulièrement. Le fait que les douanes et régies fassent l’objet d’un versement forfaitaire de la part de la Cochinchine empêche de bien voir ce mouvement.

Au total, la courbe (1) tracée sur le Figure 64 traduit sans doute à peu près l’évolution de la taxation par tête :

Figure 64 - Evolution de la pression fiscale ramenée en kgs par tête