Le rebord occidental du Mont du Chat

Les mêmes caractères et les mêmes descriptions morphologiques et climatiques peuvent s'appliquer, s'agissant du coteau chautagnard ou du versant rhodanien du Mont du Chat. La même direction nord-sud, la même exposition d'ouest, pour un territoire qui s'étend sur six kilomètres de long et jouit d'une réputation fondée sur la présence de crus typiques. Sur les territoires des communes de Lucey, Jongieux, Billième, Saint Jean de Chevelu, on retrouve les mêmes dépôts superficiels, moraines wurmiennes et éboulis calcaires Les meilleures vignes sont plantées sur les éboulis des divers étages du Jurassique et de l'infracrétacé, calcaires durs oolithiques du Rauracien ou calcaires marneux du Kimmeridgien, calcaires roux du Valanginien. On trouve aussi des vignes sur les dépôts glaciaires qui recouvrent les molasses. Les sols sont plus ou moins calcaires, de 10 à 25% sur les molasses, de 20 à 30% sur les alluvions glaciaires. C'est le berceau du plus typique des cépages savoyards : l'altesse ou Roussette dont la quasi totalité de la production départementale a mûri sur ces coteaux déjà cités plus haut : coteau des Altesses à Lucey ou coteau de Marestel à Jongieux.

Le rebord occidental du Mont du Cliat : l'altitude et le vignoble
Le rebord occidental du Mont du Cliat : l'altitude et le vignoble

Une position d'abri encore plus remarquable, en forme de cirque protège le vignoble des vents du nord et contribue ainsi à créer un topoclimat. Quelques hameaux et villages jalonnent ce talus où la valeur de la pente n'est jamais inférieure à 25-% sur plus de la moitié de la superficie totale. Le caractère viticole est nettement plus marqué qu'en Chautagne. Ici forêts et broussailles reculent à la limite supérieure et font place à des parcelles défrichées, nettoyées et prêtes à être replantées. Mais la reconquête ne s'est pas limitée au recul de la forêt, elle s'est opérée aussi vers les sols occupés par des modes de production plus traditionnels : élevage, terres labourées et c'est tout le versant de moraines argilo-terreuses qui est quadrillé par des rangées de piquets blancs inexorablement alignés. Singuliers contrastes que ces deux paysages viticoles distants de quinze kilomètres à vol d'oiseau , qui voient leur évolution diverger totalement. Une fois de plus, la part de l'homme est ainsi mise en valeur face à des conditions naturelles semblablement favorables. La vigne triomphe ici, alors qu'elle recule là-bas, parce qu'elle est sans rival sur le plan foncier -le tourisme n'étant pas un sujet d'inquiétude de ce côté-ci de la montagne- et parce que des facteurs humains, individuels ou collectifs ont pesé d'un poids plus grand dans un espace social plus préservé.

L'ironie du sort veut que pendant de nombreuses années le vignoble chautagnard ait été un exemple et une référence pour ces vignerons alors que maintenant l’écart se creuse en ce qui concerne la structure des exploitations, la production, la vinification, etc... Remarquons que le vignoble chautagnard après avoir opéré une mutation originale il y a vingt cinq ans avec la création de la Cave Coopérative de Chautagne, n'a pas su faire preuve d'esprit d'entreprise pour maintenir sa position favorable dans l'ensemble viticole savoyard. L'enquêteur attentif constate que les vignerons du canton de Yenne sont plus jeunes et ceci peut expliquer cette différence d'évolution...