Répartition des ménages agricoles par tranche d'âge

Le classement effectué nous montre des variations du point moyen de chaque tranche d'âge, qui sont infimes. Les quatre types qui se dégagent ne sont pas différenciés par des écarts importants. Deux groupes de type 1 et 2 s'ordonnent autour d'une répartition égale entre les 0 - 40 ans et les plus de 60 ans : 48.,9%, -51% pour le premier, 48%, - 51,8% pour le second. Mais dans le premier type, le tiers du total correspond aux moins de 20 ans, et les 40 - 60 ans sont plus nombreux que les 20 - 40 ans. Le type serait un peu plus jeune que le type 2, mais il s'agit là d'indications moyennes qui recouvrent des variations un peu plus prononcées à l'intérieur des types.

Les deux autres groupes constitués par les types 4 et 5 présentent les mêmes caractéristiques que les deux précédents. La proportion des jeunes et vieux sont exactement inverses : 54,8% et 45% pour le type 4 et 45,8% et 54% pour le type 5. Le tiers du total (entre 30 et 38%) est âgé de moins de 20 ans dans les quatre types pour un taux de personnes âgées de plus de 60 ans qui oscille entre 20 et 23%. Alors que dans le dernier type cette catégorie est égale à celle des plus jeunes dans le groupe précédent.

Les communes jeunes sont : St Jeoire Prieuré, St Pierre d'Albigny, Myans, Billième, tandis que Cruet, St Jean de Chevelu, Brison et St Alban Leysse constituent les communes âgées.

Ainsi en 1962, plus des deux tiers des communes viticoles ont une population agricole dont la structure est relativement équilibrée. Nous pouvons constater, par rapport à la structure démographique de la population totale, que la plupart de ces communes ont les mêmes caractéristiques et se "localisent" de la même façon dans les deux cas. Notons que d'une façon générale, la population des ménages agricoles est toujours moins jeune que la population totale, sauf à Fréterive, Jongieux, Serrières et Billième. Ainsi, la population agricole n'est plus l'élément moteur de la population totale des communes viticoles, à l'exception de celles qui sont mentionnées ci-dessus.

La répartition des communes viticoles en fonction de l'importance des agriculteurs dans la population active confirme-t-elle cette répartition ?

Pour l'ensemble du vignoble savoyard en 1962, les agriculteurs représentent 35% du total de la population active, alors que le groupe "ouvriers" n'en représente que 31,20%.

Catégorie socio-professionnelle - 1962 - Typologie communale
Catégorie socio-professionnelle - 1962 - Typologie communale

Communes rurales ? Communes agricoles ? Oui, certainement pour la majorité mais pour la plupart d'entre elles les caractères urbains de la population prédominent et pour la moitié, la spécificité agricole de la population et de la population active n'est pas sans faille. Aussi les fondements démographiques du vignoble savoyard ne sont pas uniformes. On voit dans certain nombre de communes, la part de l'agriculture diminuer de deux façons :

Répartition de la population active agricole par tranche d'âge - 1962
Répartition de la population active agricole par tranche d'âge - 1962

Source : R.G.P.

Peu de communes ont une population active agricole jeune. Sept seulement ont plus de 30% de leur population âgée de moins de 40 ans : Jongieux, Apremont, Francin, Lucey, Billième, Challes-les-Eaux, et Frèterive, alors que 6 ont plus de 40% d'agriculteurs âgés de plus de soixante ans : Barby, Brison, Cruet, St Jean de la Porte, St Jean de Chevelu, St Alban Leysse. Six autres : St Jeoire Prieuré, Montmélian, Ruffieux, Billième, Chindrieux et Serrieres ont plus de 30% de leurs agriculteurs âgés de 60 ans et plus.

Là encore, on peut constater que les communes les plus agricoles sont celles qui comptent le plus de jeunes agriculteurs, et celles qui sont plus urbanisées ont le plus fort taux de paysans âgés. Il n'en reste pas moins qu'en dehors des extrêmes, la majorité des communes du vignoble savoyard ne présente pas en 1962, un bilan démographique propice au maintien sinon au développement d'activités agricoles.

Nous avons mené cette brève étude démographique du vignoble savoyard, à partir de sources traditionnelles : le recensement de la population de 1962, avec les imperfections et les insuffisances dues au fait qu'aucune autre source n'a pu être utilisée pour compléter, préciser ou corriger ce tableau (le Recensement Général de l'Agriculture de 1954 est trop ancien). Il est intéressant de comparer les résultats et les classements obtenus avec la typologie communale du vignoble, que nous avons dressé à partir de structures agraires.

On remarque que les communes qui ont la moins grande proportion de population agricole : St Pierre d'Albigny, St Baldoph, Barby, Brison, Challes-les-Eaux, St Alban Leysse, Montmélian sont celles où la petite exploitation domine et où la production du vin de qualité est la moins affirmée.

De même, on peut noter que les communes qui comptent le plus d'agriculteurs : Frèterive., Billième, Motz, St Jean de Chevelu, Ruffieux, Jongieux sont celles qui ont les plus grandes exploitations et les plus grandes superficies plantées en vigne. On remarque aussi que les agriculteurs les plus jeunes sont localisés dans les communes les plus viticoles quand les agriculteurs âgés vont de pair avec la petite exploitation non commerçante.

Mais à côté de ces relations qui peuvent paraître banales, il est intéressant de s'arrêter sur quelques détails moins marquants mais qui sont révélateurs de la diversité du vignoble savoyard dans son ensemble. C'est ainsi qu'aux Marches ou à Chignin, communes éminemment viticoles, les agriculteurs ne constituent pas le groupe dominant et ne présentent pas une structure démographique spécialement jeune. Lucey, avec une forte proportion d'agriculteurs, jeunes de surcroît, n'a pas à cette date, une spécialisation viticole affirmée.

Ainsi, on peut déjà entrevoir, à cette époque, l'originalité et l’ambiguïté des communes viticoles savoyardes. La présence d'une activité agricole de haut niveau ne s'accompagne pas nécessairement de la présence d"une forte population agricole, du moins au sens strict du terme. C'est là, une des caractéristiques essentielles qu'il nous faut retenir au terme de cette présentation et dont il faudra se souvenir lorsque nous étudierons l'évolution contemporaine du vignoble savoyard. La double activité telle qu'elle est perceptible à travers cette brève présentation démographique du vignoble est-elle un facteur de maintien du vignoble et de la viticulture ?

Notes
23.

Clé pour une comparaison sociale - INSEE