Les superficies

Attachons nous maintenant à l'examen de l'évolution des superficies d'appellation contrôlée.

Trois communes connaissent une augmentation de leur surface impressionnante : Fréterive : + 743% ! de 4 à 37 ha, St Pierre d'Albigny : + 198% de 19 à 58 ha, Yenne : +130%. Ces chiffres ne doivent pas masquer la réalité : ces communes ne sont pas les plus importantes du vignoble savoyard, mais ce sont celles qui opèrent une reconversion qualitative la plus importante pendant la période contemporaine. Il s'agit pour les deux premières d'une modification complète des structures agraires et de leur spécialisation agricole. Pour Yenne, les chiffres bruts, restent relativement modestes, ou passent de 4 à 10 hectares. Mais la partie du territoire communal qui est compris dans l'aire d'appellation contrôlée est systématiquement mis en valeur.

Les quatre communes suivantes ont également un taux d'accroissement qui est important : Jongieux : 8 5%, St Jean de Chevelu : 65,5%, Brison : 45%, St Jean de la Porte : 42%. Jongieux confirme sa place prééminente dans le vignoble savoyard en ayant à la fois un potentiel viticole important - c'est la quatrième commune viticole - et une évolution qui la place toujours dans le groupe de tête. Il y a là, incontestablement, un mouvement qui ne s'arrête pas, malgré l'ampleur atteinte par le développement de la vigne. St Jean de Chevelu, commune voisine de Jongieux, profite de l'exemple et de la dynamique créés par Jongieux. A Brison et St Jean de la Porte, on note un accroissement notable du vignoble d'appellation malgré une diminution de la superficie totale plantée en vigne. Ainsi Brison, commune péri-urbaine a perdu la plus grande partie de son vignoble résiduel et seuls résistent les quelques vignerons spécialisés.

Nous trouvons ensuite un groupe de communes dont le taux d'accroissement varie entre 30% et 20% ; il s'agit de Ruffieux, Francin, Chindrieux, Billième, Cruet, Chignin, Motz suivi par d'autres qui ont une progression beaucoup plus faible. On y trouve des communes aussi différentes que Les Marches, Barby, St Al ban, Serriëres, Apremont, St Baldoph et Myans. Les plus marginales y côtoient les plus grosses, celles-ci restant relativement stables -l'espace manque - celles-là progressant mais sur des surfaces insignifiantes. Notons qu'Apremont a un taux d'accroissement du vignoble AOC qui coïncide exactement avec l'accroissement moyen du vignoble savoyard.

Si l'on compare l'évolution de la superficie totale et de la superficie d'appellation contrôlée, nous constatons que les communes qui ont le plus fort taux de croissance de leur vignoble considéré dans son ensemble, ne sont pas toutes classées de la même manière si l'on considère le vignoble AOC. On retrouve dans un même groupe de tête, Frèterive, Jongieux et St Pierre d'Albigny, avec St Jean de la Porte dont le vignoble total est en baisse, ainsi que Yenne, St Jean de Chevelu et Brison. Par contre, Chignin et Apremont sont classées dans des groupes où le vignoble AOC a une évolution différente.

Ainsi, l'évolution communale du vignoble total et du vignoble AOC n'est pas homogène. Il en résulte une classification qui détermine un dynamisme dont les raisons ne sont pas forcément identiques pour chaque commune.

  • Les communes très dynamiques sont : Frëterive, Jongieux, St Pierre d'Albigny, Chignin, St Jean de Chevelu, St Jean de la Porte, où la spécialisation est encore récente.
  • Les communes où une viticulture spécialisée existe, même si l'importance réelle des différents vignobles est variable : Brison, Yenne, Cruet, Ruffieux, Billième, Motz, Chindrieux, Francin.
  • Les communes qui se caractérisent par la stabilité de leur évolution, mais dont la spécialisation est prépondérante : Apremont, Les Marches, Arbin, St Baldoph et Myans. Ce sont les communes situées au pied de Mont Granier où l'espace est entièrement occupé par la vigne. La stabilité de l'évolution ne doit pas cacher l'importance de ces communes.

L'analyse des évolutions du vignoble savoyard au cours de la dernière décennie, nous permet de mieux cerner la réalité complexe sous un angle dynamique. L'étude des structures et de la répartition de la superficie dans chaque commune, puis de l’encépagement communal, va-t-elle conforter cette classification ou devrons nous nuancer notre jugement ?