La population active agricole du vignoble savoyard

Si l'on étudie tout d'abord l'importance de la population active agricole dans la population active totale, on constate une baisse générale entre 1962 et 1975. On peut diviser le vignoble et ses communes en quatre groupes :

• Les communes qui ont vu la part des agriculteurs dans la population active diminuer de moins de 15% : St Pierre d'Albigny, St Alban, Ghalles, Montmélian, Frèterive, Jongieux, Chignin, Yenne, St Jeoire et St Baldoph. Cette évolution correspond à deux groupes de communes assez opposés : celles qui avaient déjà perdu leur caractère agricole dominant et ont, de ce fait une diminution beaucoup moins brutale, et celles qui sont restées, au contraire, très agricoles et qui résistent mieux au recul de l'agriculture, Fréterive, Jongieux, Chignin.
• Les communes où la diminution du nombre d'agriculteurs est située entre 15 et 25% : Barby, Francin, Serrières, St Jean de la Porte, Lucey. On retrouve là toutes les communes agricoles qui subissent de plein fouet, mais avec un certain retard par rapport à l'évolution générale, l'exode rural et les communes en voie d'urbanisation rapide où l'agriculture est en train de disparaître (Barby).
• Les communes où la baisse des agriculteurs se situe entre 25 et 40% de la population active agricole initiale : Arbin, Cruet, Myans, Les Marches, Chindrieux, Ruffieux, Billiëme, Apremont, St Jean de Chevelu.

Ces communes étaient restées fondamentalement agricoles bien après la mutation contemporaine. Les fondements traditionnels de l'agriculture de l'Avant-Pays : la polyculture associée à un élevage laitier n'ont pas été déterminants pour permettre à une région de rester agricole, en s'adaptant à de nouveaux marchés. Seule l'émergence de cultures spécialisées, et notamment la vigne, permet le maintien d'une société paysanne d'un nouveau type.

• Une seule commune à un taux de variation de la population active agricole supérieure à 40% : Motz où la part de l'agriculture dans la population active, passe de 77% en 1962 à 30,7% en 1975. La proximité de foyers industriels, Culoz; Seyssel, Genève et un certain retard dans l'évolution expliquent cette chute brutale en si peu de temps.

Cette disparition d'une partie de la population active agricole n'a pas frappé de la même manière des communes d'importance identique. Ainsi ce sont les communes les plus agricoles en 1962 qui ont vu leur population agricole active diminuer le plus, exceptées Jongieux et Fréterive. Et celles qui en 1962 étaient situées dans le milieu des tableaux ont mieux supporté l'évasion des agriculteurs et se trouvent ainsi être devenues en 1975, les plus agricoles.