La structure démographique de la population active agricole en 1968-1975
La structure moyenne de la population active s'est déséquilibrée entre 1968 et 1975. En 1968, 26% des actifs avaient moins de 40 ans, 42% de 40 à 60 ans, et 32% seulement plus de 60 ans. En 1975, ils ne sont plus que 19% à avoir moins de 40 ans, alors que 53% avaient entre 40 et 60 ans et 28% plus de 60 ans. La baisse des paysans âgés ne doit pas faire illusion, les départs de la vie active entraînés par l'attribution d'I.V.D. étant plus théoriques que réels l'arrivée des classes creuses de la première guerre mondiale explique plus réellement cette situation.
En 1968, la typologie communale est relativement simple formant trois groupes homogènes :
Source : R.G.P.
Source : R.G.P. - 1975
Source : R.G.A, - 1970
- Sept communes ont une population jeune qui est supérieure à la moyenne : Jongieux, Fréterive, Billième, Apremont, Montmélian, Francin et Yenne, qui avec Fréterive a aussi un écart par rapport à la moyenne positif en ce qui concerne les adultes de 40 à 60 ans. Jongieux enregistre également un taux important d'agriculteurs âgés de plus de 60 ans, constituant ainsi un sous-type particulier. Cette particularité trouve son reflet dans la répartition des exploitations agricoles.
- Un deuxième type, correspondant aux communes qui ont un taux d'agriculteurs adultes supérieur à la moyenne, est composé de Barby, St Pierre d'Albigny, Les Marches, Lucey, St Jeoire et Myans. La part des jeunes diminue, celle des vieux augmente et dépasse même la moyenne à Myans, assurant ainsi la transition avec le groupe le plus : important, qui rassemble les communes où la population active agricole est âgée, des plus rurales comme Motz, Serrières et Arbin à celles qui s'urbanisent : St Baldoph, St Alban, Brison. Dans la moitié des vignobles, les actifs âgés de plus de 60 ans, représentent plus de 35% à plus de la moitié (Arbin) de la population active totale. Moins de 10 communes ont un taux de jeunes paysans supérieur à 25% sans jamais atteindre la moitié. Cette tendance s'est-elle maintenue en 1975 ?
Les extrêmes se sont accentués, la classe intermédiaire est étalée sur un- plus grand nombre de communes. C'est normal, car la moyenne régionale de classes jeune et âgée s'est abaissée alors que chez les adultes, elle s'est rallongée, les écarts sont donc moins visibles. Mais des modifications sont intervenues dans la répartition des communes à l'extérieur de chaque type.
- Premier groupe : II est constitué de six communes : Jongieux, Fréterive, Montmélian, Billièmes, Les Marches, Apremont, où la proportion de jeunes actifs varie de 40% à Jongieux à 20% à Apremont. Mais dans le détail, il faut nuancer cette répartition : Jongieux et Montmélian ont une proportion d'actifs agricoles adultes supérieure à la moyenne : 4% et 9%, tandis qu'à Billième et aux, Marches, les agriculteurs âgés sont surreprésentés par rapport à la moyenne régionale : 8% et 4%.
Source : M.S.A.
- Deuxième groupe : il rassemble six communes : St Pierre d'Albigny, Yenne, Motz, Lucey, St Jean Chevelu, Myans qui se caractérisent par un taux d'adultes (40 - 60) nettement supérieur à la moyenne avec une décroissance des jeunes sauf à Yenne et à St Jean de Chevelu, où l'installation de nouveaux agriculteurs, pourrait être une réponse à cette évolution. Mais la part des vieux croît régulièrement dans ce groupe.
- Trois communes constituent le type suivant : Francin, St Jeoire et Brison ont une population adulte supérieure à la moyenne de l'ensemble jumelée à une population âgée, qui elle aussi dépasse la moyenne régionale et qui constitue une transition avec le dernier groupe.
- On trouve enfin un groupe composé de 8 communes où le poids des agriculteurs âgés va croissant de Chai les à Arbin ; on y trouve les communes où les paysans ne sont plus qu'une infinie minorité et qui ont subi les plus forts taux de l'exode rural et de disparition de l'agriculture : Ruffieux, Serrières...
Le cas de Barby n'est pas significatif ; la présence des agriculteurs y est résiduelle.
Si l'on compare cette structure démographique de la population active agricole avec l'âge des chefs d'exploitations, tel que le 'recensement Général de l'Agriculture de 1970 nous le présente, on constate que ceux-ci sont a la fois moins jeunes, la moyenne régionale y est plus faible ( 11,83») et plus âgés avec un pourcentage de chefs d'exploitations de plus de 60 ans qui est supérieur aux deux recensements de population avec un taux de 41%. La répartition des communes ne s'effectue pas de manière rigoureusement identique notàmmant pour les communes "âgées"
L'étude démographique des chefs d'exploitations, permet de mieux situer quelle est la dynamique de l'agriculture à une période donnée puisque de l'âge d'un chef d'exploitation dépend le maintien ou la disparition à court terme de l'exploitation. De la même manière, l'étude des vignerons nous fera percevoir les différences structurelles qui existententre agriculture et viticulture.
La moyenne d'âge des chefs d'exploitation est plus élevée que celle de la population active agricole. C'est normal, car les jeunes actifs agricoles qui n'ont pas encore quitté l'agriculture ne sont plus pris en compte
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. On retrouve les trois grands types caractéristiques, mais on peut en fait en distinguer cinq.
- Les communes jeunes : ce sont les communes où les moins de~40 ans sont en majorité : Jongieux, Billième,, Francin ; on peut y ajouter les communes où les moins de 40 ans sont associés à une proportion d'adultes (40-60 ans) supérieure à la moyenne : Apremont, Lucey, St Jeoire et Fréterive.
- Les communes d'âge "mûr" qui présentent toutes un solde positif par rapport à la moyenne régionale, en ce qui concerne les agriculteurs adultes (40-60 ans) : Motz, St Pierre d'Albigny, Les Marches, Myans et Brison.
- Les communes âgées : II y en a 13 sur 26. La moitié des communes du vignoble a une proportion de chefs d'exploitation âgés, supérieure à la moyenne régionale : St Baldoph et ST Jean de Chevelu font exception, car elles possèdent un taux de chefs d'exploitation jeunes supérieur à la moyenne. On retrouve là encore pour St Jean de Chevelu, la marque de l'originalité notée à travers l'étude des structures agraires. Il y a plus d'exploitants jeunes que vieux à St Baldoph. Mais dans les autres communes, il semble que l'on soit arrivé à la phase finale du phénomène engendré par l'exode rural qui a commencé dans les années 1960 et qui selon les situations locales, urbanisation, tourisme, a été plus amplifié que dans d'autres communes voisines. En 1970, l'agriculture y est devenue résiduelle en voie de marginalisation ; Qu'en est-il de la viticulture ? Si l'agriculture en général est menacée, peut-on espérer que la viticulture en tant qu'activité économique spécifique, résiste mieux et notamment au niveau du facteur humain.
Notes
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Les agriculteurs - Clé pour une comparaison sociale.