1 Un vieil hôtel particulier du centre de la presqu'île

Le quartier d'Ainay ne fut longtemps qu'un immense marécage au confluent de la Saône et du Rhône. Les travaux de Perrache permirent de repousser plus au sud le confluent et l'urbanisation véritable du quartier commença réellement au XVIIIe siècle. Les Abbés d'Ainay, soucieux d'augmenter leurs revenus, vendirent, à plusieurs reprises, des terrains à la ville. Ils permirent la création de nouvelles rues, telles la rue Vaubecour. Ouverte en 1728, cette rue joue un rôle central dans la géographie sociale, réelle et imaginaire, de Lyon. Pour le très lyonnais auteur de Calixte, Jean Dufourt, elle symbolise la bourgeoisie locale, liée au monde de la soie.

Même si l'architecture ne révèle qu'imparfaitement la richesse des habitants du quartier d'Ainay - maints observateurs ont voulu voir dans l'austérité des façades un trait révélateur d'un hypothétique caractère lyonnais - ce quartier est le seul où subsistent encore aujourd'hui de nombreux hôtels particuliers des XVIIe et XVIIIe siècles, témoins des grandes familles d'alors. Que l'on songe à l'hôtel de Lacroix-Laval ou à l'hôtel de Villeroy 116 , tous deux du XVIIIe ou bien à celui plus ancien de Fleurieu Claret de la Tourette, ou à celui de Nervo…. Dès la Restauration, le quartier est considéré comme l'un des plus agréables de Lyon. Dans sa description historique de la ville de Lyon, Cochard a ces lignes significatives :"La noblesse et les familles qui vivent de leurs rentes l'habitent de préférence à tout autre parce qu'elles y trouvent des appartements plus vastes, plus commodes et mieux aérés que dans l'intérieur de la ville ; qu'elles y jouissent de plus de tranquillité, et que les réunions dans les longues soirées d'hiver y sont plus fréquentes que dans les quartiers de négoce" 117 . Et en 1925, l'historien lyonnais Kleinclausz peut encore écrire : "Aujourd'hui, les hôtels sont devenus maisons de rapport et l'aristocratie n'est plus seule à les habiter. Mais entre Bellecour, la rue Sainte-Hélène et la rue Vaubecour existe encore, en une certaine mesure, ce faubourg Saint-Germain lyonnais que Barbey d'Aurevilly se plaisait à signaler comme un des milieux les plus fermés de France" 118 .

Notes
116.

Respectivement Musée des Arts décoratifs et Musée des Tissus.

117.

Cochard, Description historique de la ville de Lyon, p. 34-35. Cité par Kleinclausz A., Lyon des origines à nos jours, la formation de la cité, p. 251.

118.

Kleinclausz A., Lyon des origines à nos jours, p. 251.