La population de cet immeuble est toujours assez âgée mais on peut distinguer aisément deux évolutions contradictoires : alors que la population vieillit avant la guerre - l'âge moyen dépasse 56 ans en 1911 - la tendance s'inverse pendant l'entre-deux-guerres. Les changements survenus dans les secteurs d'emploi rendent parfaitement compte de cette évolution comme de celle de la stabilité des ménages.
Si l'immeuble de la rue Tavernier se caractérisait par un fort renouvellement de sa population, celui de la rue Claude-Joseph Bonnet est marqué par une stabilité particulièrement accentuée. Avant la première guerre mondiale, la rotation des ménages est très faible. Il existe même un ménage dont un individu est présent pendant quarante ans 228 . Amélie Jeanne Girollet a quarante ans lors du premier recensement étudié, en 1896. Elle est née, selon les indications contradictoires recueillies, soit à Lyon, soit plus vraisemblablement à Seyssel, en Savoie. A quarante ans, elle est tisseuse comme son mari. A la même adresse, on trouve deux autres tisseurs, le père et l'oncle de son mari. Après la guerre, elle est veuve et n'est plus recensée comme tisseuse. Elle vit avec sa sœur, native de Seyssel, recensée comme couturière. En 1931, elle a un locataire, nommé Girollet, qui est selon toute vraisemblance un parent de feu son époux. Le jeune homme est employé. Enfin, en 1936, âgée de 81 ans, elle vit seule. Cet exemple souligne bien l'existence d'un noyau démographique stable sur le plateau de la Croix-Rousse, phénomène beaucoup moins perceptible sur les pentes. Cette différence sera confirmée, dans le cadre du quartier et non plus de l'immeuble, par l'utilisation .d'autres méthodes 229 .
Voir le croquis n° 11.
Voir croquis n° 83 et 84, partie 4.