Les propriétaires sont au nombre de six 250 . La baronne de Villeneuve, qui habite 7 rue du Plat 251 , dans le quartier d'Ainay, est propriétaire de deux maisons comme Marie Anne Adolphine Blanche de Riverieux de Chambost, épouse du vicomte de Lescure, domiciliée au château de Labourous, à Fleurie (Rhône). Un rentier installé 6 rue Saint-Joseph (Auguste-Comte), en face de l'hôtel de Varey possède une maison. Un fabricant de soieries, installé 10 quai de l'Est, aux Brotteaux, est propriétaire d'une maison. Un négociant installé à Budapest possède la maison dont la surface au sol est la plus grande. Deux maisons sont la propriété d'un greffier au tribunal civil habitant quai de l'archevêché, à Saint-Jean, et deux autres celle d'un ancien emballeur, comprenons négociant en emballage, qui vit à Chasselay, au nord de Lyon. Enfin un étudiant parisien est propriétaire de la dernière maison. Cette liste n'est pas sans intérêt. Il est bien sûr difficile de généraliser à partir de si peu de cas, mais il semble que les opérations de rénovation urbaine des années 1900 concernent souvent des biens de familles aristocratiques installées à Ainay.
Trois explications peuvent être avancées. Tout d'abord, la richesse foncière et particulièrement lyonnaise représente une part importante du patrimoine de ces familles et il est donc normal qu'elles soient touchées par les expropriations. Deuxièmement, et dans le droit fil de l'explication précédente, la richesse de ces familles étant ancienne, il est normal que leurs propriétés se trouvent dans les quartiers les plus anciens de la ville, les plus insalubres et donc les plus susceptibles d'être l'objet de rénovation. Enfin, dernière explication plus politique, il est possible qu'en cette période de tensions politiques et religieuses, la municipalité lyonnaise, sous la houlette d'Augagneur, ait été ravie d'utiliser la rénovation urbaine pour réduire l'influence des forces économiques et sociales qui lui sont le plus hostiles : l'aristocratie d'Ainay a été le bastion de la politique de défense religieuse et n'a pas hésité à utiliser ses moyens économiques pour favoriser la presse et les associations qui militaient en sa faveur 252 .
La ville de Lyon est déjà propriétaire de quatre maisons en 1901.
Je rappelle que Mme Chirat de Montrouge, la propriétaire de l'immeuble détruit 46 quai Saint‑Vincent habitait 6 rue du Plat.
Voir Guy Laperriere, La "Séparation" à Lyon, 1904-1908, Etude d'opinion publique, Lyon, 1973 et Christian Ponson, op.cit.