3 Un immeuble populaire du vieux Saint-Jean

L'immeuble est situé rue du Bœuf, dans un quartier que la rénovation urbaine des années 1970-1980 a rendu à la mode, il est entouré de restaurants célèbres installés dans des bâtiments construits au XVIe et au XVIIe siècles, un sorte de piège à touristes pour cette fin de XXe siècle. Ce quartier a été si dénigré pendant l'entre-deux-guerres que l'on envisagea même, en 1923, de le raser purement et simplement 256 . On n'alla pas jusque là mais, comme nous l'avons vu dans le quartier voisin de Saint-Paul, quelques opérations de rénovations eurent lieu avant la première guerre mondiale. De plus un mouvement de départ de ce vieux quartier dont maints îlots ont été classés insalubres s'est amorcé dès le début du XXe siècle. Ces deux phénomènes ont provoqué une nette diminution de la population dans le Vieux-Lyon, diminution dont témoignent les listes électorales. En 1896, le sondage effectué dans ces listes 257 , indique que 6800 électeurs sont officiellement inscrits dans le Vieux Lyon. En 1911, ils ne sont plus que 4500, donc une nette diminution. Pendant l'entre-deux-guerres, au contraire, la population électorale reste stable, passant de 4600 électeurs en 1921 à 5200 en 1936 258 .

L'immeuble du 7 rue du Bœuf a été récemment rénové comme le montrent les photos de la façade et de la cour qui soulignent le contraste entre cet immeuble et l'immeuble mitoyen non rénové.

7 et 9 rue du Bœuf : les façades
7 et 9 rue du Bœuf : les façades
7 et 9 rue du Bœuf : les cours
7 et 9 rue du Bœuf : les cours

Il s'agit d'un vieil immeuble du XVIe siècle dont les voûtes de la cour ont, aujourd'hui, retrouvé toute leur splendeur mais qui, à la période étudiée, devait plutôt être dans l'état de l'immeuble mitoyen, avec un crépi complètement rongé par l'humidité. Au rez-de-chaussée de l'immeuble, une voûte s'ouvre sur la rue, sans doute occupée par un atelier ou un commerce. En 1896 et 1901, un marchand de meubles et un patron ébéniste, employant au moins un autre ébéniste 259 , habitaient cet immeuble. Le marchand de meubles utilisait sans doute le magasin du rez de chaussée et vendait les meubles fabriqués par l'ébéniste. Par la suite, il y a toujours un chef de ménage susceptible d'utiliser cet espace : coiffeur à son compte ou marchand de charbon.

Notes
256.

Dominique Bertin et Anne-Sophie Clémençon, Lyon-Guide, p. 50

257.

Voir seconde partie.

258.

Ces chiffres sont des extrapolations à partir de sondages au 1/100. Les chiffres enregistrés sont de 68, 45, 46… et la marge d'erreur diminue légèrement de 1896 à 1936 mais en aucun cas elle ne remet en cause le point essentiel, à savoir la nette diminution de la population électorale entre 1896 et 1911.

259.

En 1901, il est recensé dans le même immeuble et la colonne employeur porte le nom du patron ébéniste.