a. Le nombre des habitants

Tableau n° 15: La population de l'immeuble situé 7 rue du Bœuf
Taille des ménages 1896 1901 1906 1911 1921 1926 1931* 1936
1 2 3 1 1 1 2 1 1
2 2 6 2 2 4 4   2
3 2 2 2 1 3 1   1
4 1 1 2 1   1   3
5 1 1   1 1 4*    
6   1   1        
7 1     1 1      
8 1              
9       1        
Nb de ménages 9 13 9 6 12 9 5* 7
Population 31 30 30 19 45 22 21* 20
Age moyen 28 47 27 32 35 34 19* 35
* chiffres affectés par les falsifications

A l'exception de 1911 et de 1921, années marquées par de très fortes variations, la population tend à diminuer : 30 habitants avant la première guerre mondiale, une vingtaine après. Ce mouvement s'accompagne d'une augmentation de l'âge moyen. La très forte augmentation constatée entre 1896 et 1901 s'explique facilement : en 1896, les listes nominatives indiquent la présence de 15 enfants dans l'immeuble et il n'y en a plus que 3 en 1901. Dans le même temps, les ménages de petite taille progresse. Cinq ans plus tard, la population de l'immeuble est complètement renouvelée et on compte, de nouveau, treize enfants. Avec les recensements de 1911 et 1921, on assiste à une forte évolution de la population. En 1911, la population de l'immeuble est à son point le plus bas mais au lendemain de la guerre la population a plus que doublé. Le rôle industriel de Lyon pendant la guerre a entraîné une augmentation temporaire de la population. Alors qu'à Ainay, dans l'hôtel de Varey, les nouveaux ménages étaient des ménages nucléaires de deux personnes ou des ménages d'isolés, l'immeuble de Saint-Jean accueille des ménages de grande taille à structure complexe. Sur les douze ménages recensés, on ne compte que cinq ménages nucléaires avec ou sans enfants alors qu'il y en a cinq sur six en 1911 et sept sur neuf en 1926.

En 1921, trois ménages ont une structure particulièrement complexe. Le premier compte sept personnes. Le chef de ménage est un bronzier 260 . Il vit avec son épouse, ses deux gendres, ses deux filles et une petite-fille. Le second compte neuf personnes. Le chef de ménage est une femme sans profession. Elle vit avec un fils, un frère, un beau-frère, deux belles-sœurs, un neveu et deux nièces. Le chef de ménage du troisième est une ménagère. Elle vit avec son ami, un batelier, deux beaux-frères, une belle-sœur et une nièce. A l'évidence la situation de ces ménages, en 1921, correspond à une situation temporaire provoquée par les conséquences immédiates de la guerre 261 .

L'année 1931 est tout à fait exceptionnelle : le nombre des ménages est faible et quatre d'entre eux sont des ménages fictifs. De plus l'âge moyen est anormalement bas, correspondant à des ménages comptant tous trois jeunes enfants. En fait, cette année là, les listes nominatives sont constituées par quatre ménages fictifs de cinq personnes et un seul ménage réel qui est celui d'un isolé 262 . En revanche, deux ménages, installés de longue date 7 rue du Bœuf et qui y habitent toujours en 1936, ne sont pas recensés. Ici la falsification n'a pas pour but d'augmenter la population de la ville : le nombre des habitants officiellement recensés est le même, à une unité près, en 1926, 1931 et 1936. L'explication que je suggérerais est la suivante : les bulletins du recensement ayant été égarés, les employés municipaux, familiers des falsifications, ont résolu le problème en créant quatre ménages fictifs de manière à avoir le même nombre d'habitants que lors du dernier recensement. En 1936, les listes nominatives sont remplies normalement et l'on retrouve les deux ménages omis en 1931. L'âge moyen est tout à fait comparable à celui de 1926.

Notes
260.

Les bronziers sont relativement nombreux dans le quartier. Ils sont liés à la forte présence ecclésiastique et à la fabrication des bronzes d'église.

261.

L'année 1921 est la seule année ou deux domestiques sont recensées. Elles sont au service d'un prêtre

262.

Ce chef de ménage a déjà été recensé en 1926.