En dépit des avantages évidents de ce petit Neuilly Lyonnais, la bourgeoisie lyonnaise s'est montrée très réticente et a hésité à abandonner le centre de la presqu'île. Habiter les Brotteaux, c'était un peu déchoir. L'expression revient souvent dans la bouche d'habitants dont les parents, ou les grands parents ont été les premiers à "traverser l'eau". Parmi les premiers à s'installer en bordure du Parc de la Tête d'Or se trouve Edouard Aynard 323 . Il représente parmi les bourgeois catholiques lyonnais un cas assez unique. Ayant pris ses distances avec les catholiques conservateurs et la droite conservatrice - il fut Dreyfusard - pour s'allier aux républicains progressistes, ce banquier libéral a été élu député du Rhône en 1889 324 . Président de la chambre de Commerce, il a été réélu député jusqu'à sa mort, en 1913.
Son ouverture d'esprit dans le domaine politique l'a-t-elle incité à dépasser les préjugés traditionnels de la bourgeoisie lyonnaise pour qui le seul quartier résidentiel convenant à son rang était le quartier d'Ainay ? En 1906, Edouard Aynard habite 31 boulevard du Nord, un de ses fils habite 29 et un autre 42 boulevard du Nord. Et c'est Edouard Aynard qui a incité son ami, Auguste Isaac, ami qui partage ses idées religieuses, politiques et sociales, à construire une belle demeure pour ses enfants au numéro 33 du boulevard du Nord 325 . J'ai choisi ici de suivre l'hôtel situé au 29 Boulevard du Nord. Comme le montre les photos, il s'agit d'un hôtel d'allure classique
Voir Jean‑MarieMayeur, "Les catholiques dreyfusards", Revue Historique, n° 530, p. 337-360. Edouard Aynard joua un rôle décisif lors du vote pour le cabinet de défense républicaine de Waldeck‑Rousseau, en 1899. Léon Blum a gardé le souvenir de son attitude au moment de l'affaire Dreyfus (art. cit. p. 357-358)
Christian Ponson, Les catholiques lyonnais…, p. 50.
Témoignage oral.