Si l'on retient les chiffres du recensement de 1954, la période 1871-1914 aurait enregistré, à Lyon stricto sensu, la construction de quelques 74400 logements soit, en moyenne, 1690 par an. De 1915 à 1939, ont été bâtis soit 1795 par an. Ces chiffres sont très approximatifs et reposent sur de nombreux postulats. Ils soulignent cependant qu'à ce niveau d'analyse, il n'y a pas eu chute brutale de la construction pendant l'entre-deux-guerres et que ce n'est pas tant la chute de la construction qui est à l'origine de la crise du logement mais bien plutôt la crise des loyers 424 .
Pour préciser le rythme de la construction à Lyon, il n'est pas possible d'utiliser les statistiques de l'octroi comme l'a fait Michel Lescure pour Paris 425 . En effet, Lyon est la première grande ville à supprimer cet impôt dès 1901 426 . Pour le remplacer, plusieurs taxes ont été instituées dont une taxe sur les constructions neuves. Chaque année, le bulletin municipal dresse le bilan des finances municipales et publie le montant de cette taxe. La série est homogène pour la période de l'entre-deux-guerres et comme le montre la courbe dressée à partir des moyennes mobiles, calculées sur trois ans, on retrouve le rythme très contrasté de l'activité du bâtiment, en France, pendant cette période 427 .
La courbe lyonnaise atteint son apogée en 1925, plafonne, recule légèrement, retrouve un niveau élevé en 1928 et plonge enfin de manière brutale après 1930. En 1938, le niveau est celui de 1919. Donc un mouvement très contrasté, peu original bien que légèrement décalé par rapport à la courbe nationale et dont le mérite principal est de souligner le caractère assez général de l'évolution. Au regard de ces deux courbes, la spécificité lyonnaise paraît très limitée même si la courbe nationale semble un peu plus favorable en fin de période.
Voir Anita Hirsch, "Le logement", Alfred Sauvy, Histoire économique de la France entre les deux guerres, tome 3, p. 81
Lescure Michel, Les sociétés immobilières en France au XIX e siècle, contribution à l'histoire de la mise en valeur du sol urbain en économie capitaliste, Paris, Publications de la Sorbonne, 1980, 86 p. Voir le graphique p. 6
Sur l'octroi à Lyon, voir Callet P., Fiscalité et société : la suppression de l'octroi à Lyon, Cahiers d'histoire, VII, 1962, p. 85-113
Pour la courbe de l'activité du bâtiment en France, j'ai utilisé les chiffres que fournit Alfred Sauvy dans son Histoire économique de la France entre les deux guerres, tome 1 p. 465 et tome 2 p. 532. Ces chiffres indices sont donnés sur deux bases différentes bien que très voisines, 1913 et 1928. Le mois de septembre 1931 est à l'indice 121 selon la première base et à 125 selon la seconde. J'ai donc rendu la série homogène et j'ai repris comme base 100 la moyenne de la période