Par rapport au code INSEE, j'ai défini quelques catégories spécifiques afin de tenir compte de la réalité lyonnaise, telle la catégorie des employés de soierie mais les employés sans autre spécification, les employés de bureau, les employés de commerce et les employés de soierie figurent tous dans le même groupe. En sont exclus les employés de chemin de fer, de l'OTL (Office des Transports Lyonnais) et les employés de postes, classés avec les gardiens de la paix un groupe nommé "services publics et assimilés".
Le groupe employés connaît une évolution complexe caractérisée jusqu'en 1911 par une augmentation relative et absolue, puis après la guerre par une stabilité en chiffres absolus et un déclin relatif. Au sein de ce groupe, l'appellation employé sans autre spécification joue un rôle-clef. Si l'on calcule la part que représentent les électeurs qui se déclarent employés sans autre précision par rapport à l'ensemble de ceux qui utilisent l'appellation employé avec ou sans précision, l'évolution est particulièrement nette. En 1896, 70% des électeurs qui se disent employés ne donnent aucune autre indication. A la veille du premier conflit mondial, en 1911, cette tendance atteint son acmé : 86% des électeurs qui se disent employés n'ajoutent aucune autre précision. En 1921, 84% des électeurs sont dans ce cas. Ensuite les appellations plus spécifiques se généralisent et en 1936, seuls 64% des électeurs qui se disent employés ne donnent aucune autre précision 539 . Qu'est-ce qui fait courir les employés ? La réponse des auteurs du dictionnaire des professions est claire. "On doit attribuer cet empressement, pour une grande part à la sécurité qu'offrant les emplois subalternes, où l'on n'est pas soumis aux chances nombreuses d'insuccès ou de désastres attachées aux professions libres, et où un avancement graduel et régulier permet d'espérer qu'on atteindra avec le temps une position honorable. La moyenne des émoluments est peu élevée. Mais pour déterminer le choix d'une profession, ce n'est pas sur une pareille moyenne que l'on raisonne 540 ." La croissance des employés et surtout le gage de sécurité qu'induit le terme expliquent l'usage généralisé de cette appellation dont le succès même a provoqué la dévalorisation. La rareté d'une profession, la faible utilisation de l'appellation qui la désigne en font souvent la valeur. A l'engouement initial de l'appellation employé a succédé, par une sorte d'effet pervers, la recherche d'une plus grande précision. Alors que l'usage des appellations employé sans autre précision et employé de commerce 541 décline, celui de l'appellation employé de bureau, jusque là sans réalité statistique, progresse nettement à la veille de la seconde guerre mondiale. C'est également, à cette date, que s'enfle la catégorie des employés de soierie.
Si l'on calcule ce pourcentage par rapport à toutes les appellations qui commencent par le terme employé, c'est à dire même pour les professions que j'ai regroupé au sein du groupe "service publics", employé PLM ou employé PTT..., les pourcentages sont les suivants, 60%,78%, 70% et 48%. En d'autres termes, l'usage des appellations débutant par employé mais accompagnées de précision se développe plus vite dans le groupe "services publics" que dans le groupe employé.
E. Charton,Dictionnaire des professions, p.1
Remarquons que l'appellation calicot qui sert souvent au XIXe siècle à désigner les employés de commerce n'est jamais attestée. Sans doute en raison de sa connotation péjorative.