Le sixième groupe correspond à une seule catégorie, celle des petits commerçants. Ce groupe connaît une grande stabilité tant dans le domaine du poids relatif, de 9 à 10% des effectifs selon les dates, que dans le domaine du nombre des appellations, de l'ordre de une appellation pour moins de trois individus 542 . Notons cependant certaines particularités dans les appellations de cette catégorie. Le terme commerçant, par exemple, ne devient véritablement usité qu'à la fin de la période alors qu'il figure dans le dictionnaire des professions de 1880. De même que fabricant, le terme marchand n'est pratiquement jamais utilisé seul, il est toujours associé à la désignation du produit vendu 543 . Dans le domaine du commerce d'alimentation, aux bouchers, charcutiers, boulangers, épiciers, marchands de vins s'ajoutent quelques petits commerçants dont les appellations sinon l'activité ont aujourd'hui disparu tels les coquetiers (volaillers) ou les vermicelliers. Si un marchand de fromages est attesté en 1896, c'est un fromager qui l'est en 1936. Hasard ou signe de modernité ?
J'ai classé, sans grande conviction, dans ce groupe les deux armuriers rencontrés, faisant l'hypothèse qu'ils vendaient et ne fabriquaient pas les armes. Il est certain qu'une étude sur la société sféphanoise ne pourrait être fondée sur de telles approximations mais à Lyon, cela n'a aucune réelle conséquence : un seul cas en 1921 et un dans les listes d'additions. A propos des armuriers stéphanois, Jean Paul Burdy considère que cette appellation désigne deux réalités professionnelles différentes, soit une minorité d'armuriers qualifiés travaillant à domicile ou en atelier, soit des métallurgistes sans spécialité particulière de la Manufacture nationale qui est équipée de machines outils pour absorber les fortes variations de cette main d'oeuvre non qualifiée.(Burdy Jean-Paul, Le soleil noir, Formation sociale et mémoire ouvrière dans un quartier de Saint-Etienne, 1840-1940, Thèse, Université Lyon 2, 1986, p. 142)
On trouve un commerçant parmi les membres du cercle du Divan en 1906. Parmi les membres du cercle du Commerce en 1906, on compte 6 marchands mais ils ne sont pas engagés dans le petit commerce alimentaire. Ces appellations sont rares parmi les membres des grands cercles et rien ne justifiait vraiment leur classement dans un autre groupe que celui des petits commerçants.