L'étude de l'espace des élites dans Lyon a fourni de nombreuses indications concernant l'utilisation de l'espace. Il faut maintenant changer d'échelle, et de méthode, afin de procéder à une approche plus statistique et plus globale, de la manière dont les groupes sociaux se répartissent dans l'espace urbain. Pour ce faire, il faut, au préalable, procéder au découpage de la ville en différentes unités spatiales 620 .
Le suivi des d'immeubles, maisons et hôtels particuliers, a mis en évidence la complexité de la trame sociale, la multiplicité des espaces urbains et de leurs images. Cependant une telle approche ne saurait suffire pour étudier les logiques de la mobilité résidentielle et sociale dont seule peut rendre compte, même si elle ne l'épuisé pas, une approche quantitative 621 . Pour ce faire, il faut construire un instrument de mesure des espaces sociaux. Une telle construction présente certaines difficultés qui seront abordées ultérieurement mais il en est une qui doit être traitée auparavant.
J'emploie le mot unités spatiales en raison de sa "neutralité". Je ne pense pas qu'il s'agisse de véritables quartiers. Sur ce point, voir Garden et Lequin Yves (sous la direction). Habiter la ville, Presses Universitaires de Lyon. 1985, 316 p. L'échelle de l'étude présente ne permet pas une étude de la "vie de quartier" telle qu'elle a été envisagée au début des années 1980. Il ne s'agit pas ici d'études de micro-histoire mais d'une tentative d'approche statistique plus générale. Si parfois, au fil de la plume, j'emploie le mot quartier, le lecteur voudra bien se souvenir qu'il s'agit d'une commodité d'écriture pour unité spatiale.
Voir Lawrence Stone et Jeanne C. Fawtier-Stone, An Open Elite ? England 1540-1880. Oxford University Press, I986.p. 42 : "... the only way to test the traditional beliefs aoout the degree of mobility in and out the English landed elite is by rigourous use of quantification.'' A dire vrai, la position de Lawrence Stone en matière de quantification et d'approche statistique est complexe, et, pour le moins, évolutive. Voir à ce propos l'article de Charles Tilly, The Old New Social History and the New Old Social History, Review. VII. hiver 1984. p. 363-406. Charles Tilly y oppose les propositions de Lawrence Stone en 1972 -Prosopography dans Historical Studies Today (Félix Gilbert & Stephen Graubard eds)- qu'il approuve à celles de 1979 –"The revival of Narrative : Reflections on a New Old History", Past and Present- qu'il réprouve. L'article de Past and Présent a été repris dans Urbi en 1981.