B. La mise en oeuvre du découpage spatial

Est-il vraiment légitime d'utiliser pendant quarante ans le même découpage alors que la ville voit sa population augmenter et surtout l'espace urbain se transformer ? Un espace social à géométrie variable serait peut- être mieux adapté à l'étude des comportements sociaux liés à la mobilité résidentielle. Pour répondre à cette question, j'ai vérifié après avoir codé les diverses zones que leur connotations sociales étaient restées semblables de 1896 à 1936 et que, surtout, les relations entre les diverses zones ne s'étaient pas modifiées pas de manière radicale 626 .

Pour être opérationnel, le découpage spatial ne devait pas aboutir à des partitions trop dissymétriques. Aussi ai-je été amené, afin de tenir compte de ces exigences et après avoir essuyé quelques déconvenues, à regrouper les zones les moins peuplées à d'autres. Les 18 zones initiales ont été ramenées à 15. Ces regroupements ont concerné trois zones. Le cinquième bureau du 3e arrondissement, dont l'habitat et la population ne se distingue pas de l'habitat et de la population de la zone patricienne du 6e arrondissement, a été agrégé à la zone 61. Le premier bureau du 6e arrondissement, situé derrière la voie ferrée, a été réunit à Villeurbanne dont il est un prolongement 627 . Enfin, en dépit de mon souhait de distinguer le quartier Montchat 628 de la partie la plus récemment urbanisée du 3e arrondissement, j'ai dû me résoudre, vu la faiblesse des effectifs, à l'intégrer à la zone 33, la Villette.

Notes
626.

Voir ci-dessous les groupes sociaux et l'espace.

627.

De nombreuses rues de Villeurbanne commencent ou finissent dans cet appendice du sixième arrondissement, telles l'avenue Thiers ou la rue des Charmettes.

628.

Le quartier Montchat a été le théâtre, à la fin du Second Empire et au tout début de la Troisième République, d'une expérience assez originale de lotissements conduite par la famille Richard-Vitton qui souhaitait faire de cet univers pavillonnaire une zone d'habitat populaire, échappant à l'immoralité de la grande ville. Voir Michel Rohart, Montchat, un quartier lyonnais (1858-1914). Mémoire de maîtrise, Université Lyon 2.1980.