D. La population dans l'espace urbain

Après avoir recomposé, de 1896 à 1936, à partir des adresses des électeurs 639 , le découpage spatial et testé sa validité globale, je peux observer l'évolution générale de la répartition résidentielle des lyonnais et des villeurbannais.

Tableau n° 35 : Evolution de la répartition résidentielle des Lyonnais de 1896 à 1936 (chiffres absolus et pourcentages)
Tableau n° 35 : Evolution de la répartition résidentielle des Lyonnais de 1896 à 1936 (chiffres absolus et pourcentages)

Dans son ensemble, la croissance moyenne annuelle de la population électorale a été de 0,84 % entre 1896 et 1911, de 0.69 % entre 1911 et 1921 et de 1,56 % entre 1921 et 1936. Les différences de rythmes sont nettes et le dynamisme de l'après-guerre est beaucoup plus prononcé. Le rythme de croissance de la population électorale de Lyon et Villeurbanne, n'est pas sans rappeler celui de l'ensemble de la population urbaine en France : de 1896 à

1911, sont taux de croissance moyen annuel est de 1 %. il diminue à 0,37 % entre 1911 et 1921 et remonte à 1,17 % de 1921 à 1936 640 . La hiérarchie qui s'établit entre les trois périodes retenues est la même dans les deux cas et, même si les valeurs ne sont pas comparables, les inflexions sont parallèles. Apparaît nettement le dynamisme de l'entre-deux-guerres, période d'ailleurs très contrastée où s'opposent les taux très élevés des années vingt et ceux très faibles des années trente 641 , contraste dont les coupes retenues pour la population lyonnaise ne permettent pas de rendre compte.

Si l'on examine, dans le cadre du découpage spatial retenu, les rythmes de la croissance de la population, les différences observées confirment, dans l'ensemble, l'adéquation entre croissance de la population et développement de l'urbanisation, adéquation qui n'existe guère lorsque l'on utilise comme sources les recensements. Même si elles ne concernent pas toute la population, les listes électorales, en raison des fraudes qui ont affecté les listes nominatives donnent une image plus fiable de l'évolution démographique de la population française. La différence est patente pour le deuxième arrondissement qui enregistre, d'après les listes électorales, une stagnation de sa population absolue alors que les listes nominatives du recensement enregistrent une augmentation bien improbable : en 1906, dernier recensement fiable la population y est de 73851 habitants mais dès 1911, elle bondit à 77974. Au sortir de la guerre, elle a encore progressé, 78449 habitants, et en 1931, année où le dopage du recensement est sans doute le plus fort, elle atteint 79699 I

Carte n° 16 : La population électorale en 1896
Carte n° 16 : La population électorale en 1896
Carte n° 17 : La population électorale en 1911
Carte n° 17 : La population électorale en 1911
Carte n° 18 : La population électorale en 1921
Carte n° 18 : La population électorale en 1921
Carte n° 19 : La population électorale en 1936
Carte n° 19 : La population électorale en 1936
Notes
639.

Pour appliquer, de manière automatique, l'ensemble de ces changements aux différents fichiers d'électeurs, il aurait fallu construire un dictionnaire très volumineux, se référant à la fois au nom de la rue et au numéro dans la rue. J'ai préféré coder manuellement les zones de résidence en utilisant les multiples possibilités de classement que peut apporter un micro-ordinateur. Les listes électorales de 1936, les seules à associer adresses et bureaux de vote m'ont servi à dresser la nomenclature initiale. Les rues qui apparaissaient dans les coupes précédentes et qui n'étaient pas répertoriées en 1936 ont été recherchées dans les différents indicateurs et la modalité voulue leur a été attribuée. Lorsque l'ensemble de l'opération de codage a été achevée pour l'ensemble des fichiers, j'ai contrôlé automatiquement la cohérence interne du travail effectué afin de vérifier qu'en aucun cas. la même rue et le même numéro n'avaient pu être codés différemment.

640.

Les taux sont calculés d'après les chiffres fournis dans les Cahiers Français, "Lemonde urbain". n° 203, octobre-décembre 1981. Le tableau utilisé se trouve p. 19 : la définition retenue pour la population urbaine est la définition traditionnelle (plus de 2000 habitants agglomérés au chef lieu de la commune

641.

Voir le graphique p. 30 in Histoire de la France urbaine, op. cit. tome IV.