L'émigration et le renouvellement des générations qui constituent la seconde cohorte ont-ils des niveaux supérieurs, inférieurs ou égaux aux mouvements de la première cohorte ? Le tableau suivant présente les résultats obtenus pour les quinze premières années des deux cohortes reconstituées et il permet de les comparer à la mobilité analysée dans l'enquête rétrospective de Guy Fourcher.
L'émigration dans les deux cohortes a été quasiment identique et elle est globalement conforme à celle qu'analyse Guy Fourcher 780 . Il en va de même pour l'immigration comme le montre le tableau suivant.
Ce parallélisme de l'évolution globale sera un atout sérieux lors de la comparaison des deux cohortes. Elles mettent également en relief un phénomène qui pourrait avoir de l'importance pour l'analyse de la mobilité professionnelle. Le taux très élevé du renouvellement de la population avant 37 ans n'a-t-il pas de conséquences sur l'appréciation de la mobilité professionnelle ? Puisque seulement un quart des générations étudiées est, à cet âge là, présent à Lyon depuis quinze ans, la mobilité professionnelle mesurée pour la cohorte ne pourra pas être considérée, au sens strict, comme celle des générations correspondantes mais seulement comme celle de la cohorte : en effet, rien ne prouve que les trajectoires des individus du même âge, arrivés à Lyon après 21 ans soient comparables à celles de ceux arrivés avant 21 ans, seuls pris en compte par les deux cohortes 781 . Tout démontre que les résultats seront d'une bonne fiabilité pour les Individus constituant les cohortes mais tout souligne aussi leur spécificité, conséquence de leur inscription sur les listes électorales dès 21 ans.
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générations 1872 - 1875 | 60 % | 61 % | 41 % | ||||||
générations 1899 - 1900 | 63 % | 65 % | 37 % |
Pour la première cohorte. Je n'ai retenu ici que l'hypothèse de travail la plus vraisemblable.
Pourcher Guy, "Un essai d'analyse par cohorte de la mobilité géographique et professionnelle", Population, n° 2, 1966, tableau p. 364.Son enquête montre que la mobilité a tendance à décroître des générations les plus anciennes aux générations les plus récentes : si entre 20 et 24 ans, te taux de mobilité est de 98 pour mille pour les générations nées avant 1890, il n'est que de 74 pour mille pour les générations 1911-1915. Seules les générations 1896-1900 ont un taux comparable aux générations nées avant 1890. De ce phénomène, les deux cohortes lyonnaises fournissent une bonne illustration. Ce qui souligne, le caractère assez exceptionnel de cette génération du tournant du siècle.
Et ce d'autant plus que la part des natifs de Lyon n'est pas la même dans les deux populations comme le montre le tableau.
Suivi longitudinal et coupe transversale portent, à 21-22 ans, sur les mêmes générations sondées à des taux différents, tant en 1896 qu'en 1921. La part des natifs de Lyon est la même dans les deux échantillons. Quinze ans plus tard, la part des Lyonnais est très différente selon que l'on s'intéresse aux individus installés à Lyon depuis plus de quinze ans (la cohorte) ou simplement présents à Lyon en 1911 ou 1936, et donc affectés par le renouvellement de la population (la coupe transversale). A vrai dire, le phénomène est peut-être moins important qu'il n'y paraît à première vue. Si l'essentiel des électeurs qui s'inscrivent sur les listes électorales après 22 ans sont des immigrants, il ne faut pas sous-estimer le retard d'inscription des natifs de Lyon, phénomène qui ne compense pas complètement le précédent mais qui en diminue l'influence. Un moyen simple, mais nécessitant beaucoup de temps, aurait permis de pallier ce biais éventuel entre mobilité professionnelle de la cohorte et mobilité des générations 1872-1875. Il aurait fallu sélectionner en 1911, un échantillon correspondant aux mêmes générations dont les Individus auraient été suivis jusqu'en 1936.