2.Deuxième cohorte : un faible mouvement brownien

Quelles sont les conséquences de la baisse de la mobilité pour la seconde cohorte ? Le tableau suivant en souligne l'impact.

Tableau n° 67 : Répartition de la population dans les différents quartiers, suivi longitudinal de la seconde cohorte et coupes transversales , 1921-1936, chiffres absolus
Tableau n° 67 : Répartition de la population dans les différents quartiers, suivi longitudinal de la seconde cohorte et coupes transversales , 1921-1936, chiffres absolus

Les deux coupes transversales, entre 1896 et 1911 n'enregistraient qu'une croissance limitée de la population totale, de 13% en quinze ans. Entre 1921 et 1936, la progression dépasse 26%. Par la même, la distorsion entre une population qui par définition n'augmente pas, les 269 individus de la seconde cohorte qui restent à Lyon pendant quinze ans, et une population totale qui augmente massivement est délicate. En raison de la forte augmentation de la population, les chiffres absolus de la population totale progressent dans les quatre grandes zones même si les rythmes de progression sont très différents entre la rive droite, la presqu'île, la rive gauche et la périphérie. Surtout, l'immigration avantage désormais la périphérie. Alors qu'en 1921, la périphérie accueille 22% des électeurs qui ne sont pas nés à Lyon ou Villeurbanne, en 1936. cette proportion dépasse 33% et cela accentue les distorsions entre approche longitudinale et approche transversale. La population de la cohorte n'enregistre pas de mouvements très nets, les flux s'équilibrent, et en particulier l'énorme afflux migratoire qui caractérise, pour la population totale, la zone périphérique n'a pas son équivalent dans la population de la cohorte. Le glissement vers l'Est, si glissement il y a, est sans commune avec celui constaté pour la première cohorte.

Tableau n° 68 : Les échanges entre les grandes zones urbaines : deuxième cohorte (en lignes zones en 1921, en colonnes zones en 1936)
Tableau n° 68 : Les échanges entre les grandes zones urbaines : deuxième cohorte (en lignes zones en 1921, en colonnes zones en 1936)

La principale zone d'attraction des individus de la seconde cohorte qui quittent la rive droite est maintenant la presqu'île. La rive gauche a maintenant perdu de sa force d'attraction et la périphérie demeure étrangère aux trajectoires de ces électeurs originaires de la rive droite. Pour les électeurs qui quittent la presqu'île, la rive droite est la première zone d'attraction mais la rive gauche et la périphérie exercent presque le même attrait que la rive droite sur ces électeurs. Pour les électeurs de la rive gauche, deux directions sont prépondérantes, la presqu'île et la périphérie mais certains s'orientent vers la rive droite. La périphérie enfin, conserve moins, à âge égal, ses électeurs de la seconde cohorte que ceux de la première mais surtout, à la fin de la période d'observation, plus des deux tiers des électeurs qui y résident y habitaient déjà quinze ans avant, alors que pour la première cohorte, il n'y en avait que la moitié dans ce cas. Ceux qui partent se répartissent à peu près équitablement entre les autres zones. Les différences avec les trajectoires de la première cohorte sont donc nettes. A une série de réactions en chaîne, entraînant un glissement vers l'Est, succède un modèle plus complexe, sans dynamique évidente, qui se solde, par une répartition de la population assez équivalente entre 1921 et 1936. Si pour les électeurs de la première cohorte, l'avenir résidentiel était à l'Est, pour ceux de la seconde, moins mobiles, l'avenir résidentiel ne peut pas être identifié à une direction dominante. Bien sûr, tous les Lyonnais savent que là bas, dans ces zones naguère rurales, se construisent les Etats Unis ou les Gratte-ciels de Villeurbanne, mais ce sont là des espaces étrangers à leur vie quotidienne. Ils ne sont pas les havres où souhaitent aboutir des urbains confirmés. Ceux qui y sont y restent, mais pour les autres, ceux de la ville réelle, ancienne et centrale, s'y établir n'attire guère. En tout cas, beaucoup moins que pour la première cohorte. Conséquence de ces réticences, pendant l'entre-deux-guerres, la croissance de la périphérie a plus été alimentée par le courant migratoire que par la dynamique interne de la population urbaine.