Les cadres supérieurs sont rares dans la première cohorte. Les quatre cadres supérieurs de 1911 sont étudiants en 1896. Trois deviennent médecins -j'ai déjà évoqué le cas du docteur Frappaz- et le dernier est toujours inscrit comme étudiant en 1911 mais pendant l'entre-deux-guerres, il est industriel. Dans la seconde cohorte, ce groupe est beaucoup plus nombreux. Ils sont 28 en 1921 et 21 en 1936. On mesure bien l'explosion de ce groupe lié au développement de l'enseignement universitaire 887 . Tous les individus classés dans ce groupe en 1921 sont des étudiants. Leur suivi pendant quinze ans conforte le choix effectué lors de la construction de la nomenclature professionnelle (j'ai classé les étudiants parmi les cadres supérieurs). Le tableau suivant montre les changements survenus pendant cette période.
Dans douze cas sur 28 l'appellation est la même à quinze ans de distance : il s'agit du retard traditionnel des listes électorales puisqu'on 1936, ces électeurs ont 36-37 ans. Les seize autres cas sont révélateurs. Seuls quatre d'entre eux deviennent employés ou cadres moyens, tous les autres sont cadres supérieurs ou négociants, industriels. Il faut remarquer que dans la première cohorte, les médecins étaient au nombre de trois alors qu'aucun n'apparaît dans la seconde, ce qui est une anomalie puisque cette profession a plus de représentants pendant les années 1930 qu'avant le premier conflit mondial 888 . Pourquoi cette anomalie ? Des médecins sont-ils inclus dans les "vieux" étudiants de 1936 ?
Fritz Ringer dans Education and Society in Modern Europe. Indiana University Press, 1979 fournit des chiffres en fonction des générations dans le tableau XI, p. 335. En France, parmi les 19-22 ans, les étudiants sont 10% en 1896 et 20% en 1921. Cependant cette progression n'est pas identique dans tous les secteurs. Faible en médecine, elle est conforme a la moyenne en droit mais très supérieure à cette moyenne en Lettres et en Sciences.
Et les professions des membres des grands cercles l'attesteraient s'il en était besoin. Voir tableaux n° 20 et 21.