La différence d'âge entre époux évolue peu d'une cohorte à l'autre. La différence moyenne est de 5,2 ans pour les parents de la première cohorte et de 4.3 ans pour ceux de la seconde 927 .Il existe une relation entre la différence d'âge des époux et l'appartenance sociale du mari, mais elle est beaucoup moins accentuée au début de la Troisième République que trente ans plus tard. Dans ce domaine aussi, la distinction des négociants s'accentue : alors que dans les années 1870, 42% des maris étaient nés cinq ans avant leur épouse, ce pourcentage atteint 61% lorsque le mari est négociant. Trente ans plus tard, 47% des maris ont vu le jour cinq ans avant leur épouse mais ce pourcentage passe à 73% pour les seuls négociants et industriels. Au début de la Troisième République, les employés, les ouvriers et petits commerçants ont, en moyenne, entre 5,3 et 5,6 années de plus que leurs épouses, les négociants 6,2. Les comportements sont assez peu différenciés. Au contraire, une génération plus tard, ils sont plus tranchés : plus de trois à quatre années d'écart entre les petits commerçants, les employés, les ouvriers d'une part et les négociants d'autre part. La variabilité des comportements est plus accusée à la Belle-Epoque que trente ans plus tôt 928 . L'appartenance à l'élite de la société urbaine devient un élément de plus en plus discriminant : ses membres ont des caractéristiques de plus en plus spécifiques. Conséquence de la transformation des habitudes ou résultat d'une meilleure perception du groupe, maintenant mieux cerné car mieux dégagé des ses franges populaires ? Les négociants et industriels se distinguent mieux des. autres groupes au début du XXe siècle que trente ans plus tôt. Manifestation au sein du monde familial de la prégnance de plus en plus nette des oppositions sociales qui caractérisent Lyon à la fin du XXe siècle. 929 "
Adolphe Landry. Traité de démographie, p. 351, donne les différences d'âge au mariage. Elle est de 4 ans et 7 mois en 1872-1875 et de 4 ans et 5 mois en 1896-1900. Les chiffres que je donne pour Lyon sont en dixièmes d'années. Voir aussi Edward Shorter, Naissance de la famille moderne, p. 351. Sur ce point, on peut aussi voir Maurice Garden, Lyon et les Lyonnais, p. 91 qui analyse les conséquences démographiques de la différence d'âge entre époux, à Lyon, au milieu du XVIIIe siècle.
L'accroissement de l'écart entre les différences d'âge au mariage des diverses catégories sociales constaté à Lyon ne se vérifie pas à Bordeaux. Voir Pierre Guillaume, La population de Bordeaux au XIX e siècle, tableau p. 276.
Dans un tout autre domaine, Pierre Léon a montré que les écarts entre fortunes moyennes des différents groupes professionnels augmentaient et que l'on assistait, dans la capitale rhodanienne, à "une prépondérance croissante des superbes sur les humbles", Léon Pierre, Géographie de la fortune et structures sociales à Lyon au XIX e siècle (1815-1914). p. 399-409. L'accroissement des écarts de fortunes ne se produit pas dans toutes les grandes villes françaises, voir Adeline Daumard in Histoire économique et sociale de la France, tome 4, premier volume 1880-1914, p. 419-420.