D. La mobilité sociale : pesée globale

Les études de mobilité sociale reposent essentiellement sur la comparaison de la position d'un père et de celle de son fils. Que mesure-t-on ce faisant ?

1. L'activité des pères

L'observation de la position sociale du père et en particulier la période de l'observation dans le cycle de vie sont cruciales pour toute mesure de la mobilité sociale. A cela s'ajoute le problème de la mobilité structurelle et le la mobilité pure lié aux nombreux débats ont eu lieu sur la légitimité de l'indice d'immobilité 944 . Son calcul repose sur une assimilation, la composition sociale des pères est considérée comme représentative de la génération correspondante 945 . La principale distorsion concerne le groupe des négociants.

Ce groupe est beaucoup mieux représenté parmi les pères que parmi les hommes des générations correspondantes mais la distorsion qui affecte les cadres supérieurs corrige l'écart précédent. Estimer que les pères des membres d'une cohorte reflètent la structure sociale initiale est une approximation mais une approximation qui me semble acceptable et dont les biais sont limités.

Notes
944.

Les critiques de cet indice reposent sur le caractère non fondé de cette assimilation et mettent l'accent sur l'impact de la fécondité différentielle des divers groupes sociaux qui rend caduque une telle assimilation. Voir Otis Dudley Duncan, "Methodological Issues in the Analysis of Social Mobility". Smelser Neil J. and Lipset Seymour Martin, Social Structure and Mobility in Economic Development. Chicago, Aldine, 1966.400 p.

945.

J'aurais aimé mesurer la distorsion induite par cette assimilation. Pour cela, j'aurais dû connaître la structure sociale, en 1872-1875, des hommes nés entre les années 1837-1847 (années de naissance des pères des membres de la première cohorte). Ne disposant pas de cette information. J'ai sélectionné dans la coupe transversale de 1896 les individus nés entre 1837 et 1847 et j'ai comparé leurs professions à celles des pères en 1872-1875. Il y a un biais évident puisque l'on compare des professions de jeunes nommes, entre 25 et 35 ans, à celle de quinquagénaires. Pour la seconde cohorte, j'ai comparé la composition sociale des pères à celles des moins de 31 ans en 1896, c'est à dire des hommes qui auront entre 25 et 35 ans au tournant du siècle. Quels sont les résultats ? J'ai calculé les indices de dissimilarité. Celui despères de la première cohorte et des hommes des mêmes générations présents à Lyon 20 ans plus tard est de 12. Celui des pères de la seconde cohorte et des hommes des mêmes générations présents à Lyon en 1896 est de 16. La valeur de ces deux indices est très inférieure à celle de l'indice qui compare, entre eux, les pères des deux cohortes. Ce dernier indice atteint la valeur 44, soit nettement plus du double des indices précédents. C'est dire l'impact des transformations structurelles.