I1.4 La puissance séductrice de la théorie de l’optimum économique

Claude Jessua (1968) 21 résume remarquablement la puissance de la théorie initiée par Walras et Pareto, et qui a par la suite séduit tant d’économistes : « Les conséquences de ce schéma d’équilibre concurrentiel sont extrêmement remarquables ; le système des prix fonctionne comme un ensemble de signaux :

1°/ pour les consommateurs, le prix des biens est l’indicateur de leur rareté, et donc de la rareté des ressources qui entrent dans leur production ;

2°/ pour les firmes, ces mêmes prix sont des indicateurs de l’intensité relative des désirs des consommateurs, le prix des facteurs reflétant la rareté de ces derniers ;

3°/ pour les détenteurs de ressources, le prix des facteurs reflète la dés utilité marginale que comporte pour eux la cession de leurs services productifs, ainsi que l’intensité relative des désirs des consommateurs.

Le système des prix permet donc de réaliser une gigantesque économie d’information et une impressionnante économie d’organisation, puisque l’ensemble du système se comporte comme le ferait une économie planifiée idéale, alors que les décisions procèdent en fait d’initiatives décentralisées ». Jessua s’empresse cependant de contrebalancer son propos en évoquant « le caractère terriblement exigeant des conditions préliminaires de base » qui doivent être réalisées pour assurer l’équilibre concurrentiel. Effectivement, Arrow et Debreu, qui donnèrent une version complètement axiomatisée du modèle d’équilibre général ébauché par Walras et Pareto 22 , reconnaissent le nombre élevé d’hypothèses sur lesquelles repose leur modèle, et sont les premiers à en reconnaître les limites, paradoxalement plus prudent que bien d’autres sur son champ de pertinence.

Notes
21.

JESSUA, Claude (1968), Coûts sociaux et coûts privés, Paris, Presses Universitaires de France, p. 25.

22.

clairement présentés par GUERRIEN, Bernard (1991), L'économie néo-classique, Paris, La Découverte, 128p ; qui donne également en référence : ARROW K. et HAHN F. (1971) General Competitive Analysis, Holden Day, San Fransisco ; le "meilleur exposé sur la théorie de l'équilibre général de ainsi que : DEBREU G. (1974), Théorie de la valeur, Dunod, Paris, "ouvrage de réference en ce qui concerne la présentation "axiomatique" de la théorie de l'équilibre général".