I1.5 Les principales conditions nécessaires à la réalisation de l’optimum économique Walras-Pareto

Nombre de débats sur la validité de la théorie néoclassique initiée par Walras et Pareto ont porté sur l’aspect restrictif des hypothèses dans lesquels ces derniers se sont placés. Ainsi, selon François Perroux (1968) 23 , « pour L. Walras et V. Pareto, les prix et les quantités sont les variables caratéristiques : elles sont nécessaires et suffisantes : le marché est la rencontre intemporelle et déspatialisée d’échangistes purs, à peine nécessaires en tant que sujets, puisque des forces anonymes combinent les facteurs, distribuent les ressources, égalent les revenus aux productivités, les demandes aux offres... ». François Perroux nous amène à la question de l’intérêt de la théorie néoclassique, si les hypothèses sur lesquelles elle repose ne sont pas vérifiées. Faut-il adapter la réalité pour la faire mieux coïncider avec les hypothèses ? Ces hypothèses, ou conditions nécessaires à la réalisation de l’optimum économique peuvent être résumées ainsi :

1°/ la concurrence est parfaite : cela signifie qu’aucun agent économique n’est suffisamment puissant pour influencer les prix ;

2°/ le cadre est statique ou intemporel (timeless) : cela revient à supposer que l’avenir est connu : l’information des agents économiques est complète et la prévision parfaite ;

3°/ le cadre est indéfini dans l’espace, ou, autrement dit, les biens et facteurs de production sont parfaitement mobiles ;

4°/ les fonctions de production et de consommation sont indépendantes : les décisions de produire ou de consommer sont prises indépendamment les unes des autres ;

5°/ par ailleurs, l’équilibre ne peut être un maximum de bien être que si les producteurs opèrent en rendements d’échelle décroissants (raréfaction des ressources), et les taux marginaux de substitution des consommateurs doivent être décroissants (saturation des besoins pour une grande quantité du même bien).

Ces conditions étant posées, il est banal de constater leur caractère irréaliste. La question n’est cependant pas là, il faut plutôt se demander : n’existe-t-il pas certains marchés, ou ces conditions pourraient être vérifiées en première approximation ? Si l’on arrive à trouver de telles situations concrètes qui sont potentiellement proches du cadre théorique, on pourra alors conclure, dans ces situations, à la possibilité d’atteindre une meilleure allocation des ressources par un marché concurrentiel. Nous nous poserons à nouveau cette question lorsque nous nous concentrerons sur le marché des transports. Mais au-delà de la question sur les hypothèses de la théorie, se pose la question de la définition de « l’optimum économique » : s’agit-il d’un optimum collectif, d’un optimum pour l’ensemble de la société ?

Notes
23.

PERROUX, François (1968), Préface à JESSUA, Claude (1968), Coûts sociaux et coûts privés, puf.