II1.3 Externalités, coûts sociaux et coûts externes

Si la littérature admet comme synonymes indifféremment les termes d’économies externes, d’externalités, d’effets externe, il convient par contre de bien distinguer coût externe, coût social, coût marginal social. On peut donc retenir les définitions suivantes pour une activité quelconque :

Notons que c’est une confusion entre x et t qui permet à Coase d’affirmer que la taxation pigouvienne n’est pas optimale 82 . La critique de Coase est en fait moins théorique que pratique, puisqu’il est effectivement difficile, dans la pratique, de faire la distinction en t et x.

Une représentation de ces coûts nous permet d’illustrer l’optimum social selon Pigou. On peut représenter ce phénomène à partir de simples courbes d’offre et de demande. Supposons pour simplifier que les paramètres yi soient donnés et constants, c’est à dire que la quantité de nuisances ne dépende que de la quantité de biens produits (x=f(t), hypothèse que rejette Coase dans ses exemples). Pour une fonction de demande d’un bien quelconque à l’origine d’une pollution, nous aurons deux fonctions d’offre : la fonction d’offre constatée spontanément sur le marché, et la fonction d’offre intégrant en plus du coût privé de production, son coût externe.

Figure : Coût privé et effets externes
Figure : Coût privé et effets externes

Un tel graphique permet de comparer la situation d’équilibre spontané du marché (p;tm) et la situation théoriquement optimum (p0 ;t0). Dans le cas d’un coût externe, la situation optimum se traduit par rapport à la situation observée par des prix plus élevés (p0>pm) et une production réduite (t0<tm). Si la situation spontanée du marché se traduit par des surplus des producteurs et consommateurs supérieurs à l’optimum, elle conduit aussi à l’existence d’une perte sociale nette. Cette perte sociale nette correspond à la différence entre les gains en surplus de la situation du marché par rapport à la situation optimale et le coût externe.

Notons la confusion souvent faite entre « le coût externe » CX(x), de « la perte sociale due à la non internalisation de cet effet externe ». Cette perte sociale nette est en fait théoriquement plus faible que le coûts externe : une grande partie de ce coût est en effet compensée (collectivement du moins) du fait d’une récupération des surplus par l’activité émettrice des externalité qui bénéficie de la sous-tarification.

Nous voyons que si la firme ne prend pas en compte le coût externe, l’extériorisation de ce coût se traduit d’une part par une baisse de l’utilité d’individus extérieurs au marché du bien en question (problème de distribution), et d’autre part par une allocation sous optimale des ressources globales (perte sociale nette, problème d’allocation).

Notons, au delà de cet exemple, que si l’on reste dans le cadre théorique du modèle de l’économie du bien être, la solution proposée par Coase conduit à la même allocation des ressources que la taxation au coût marginal social, mais à une distribution différente, puisque les victimes de la pollution sont amenés à faire des sacrifices. Certes, ces victimes pourraient être indemnisées, mais Coase considère que seule l’allocation optimale des ressources est du ressort de l’internalisation, alors que l’indemnisation relève plutôt d’une logique redistributive. Pour y voir plus clair, on peut introduire la référence à la notion de « marché de l’évitement ».

Notes
82.

voir TURVEY, Ralf (1963), On Divergences between Social Cost and Privat Cost, Economica, 30(3), august 1963