II1.4 Optimum et marché de l’évitement

Nous avons introduit les coûts externes Cmx(x) et CX(x)

1°) Cas général

Nous considérons ici des externalités négatives. Pour un certain niveau d’activité t, on peut représenter en fonction de x=f(t=cste.,yi) les coûts externes Cmx(t=cste.,yi) et CX(t=cste.,yi). Dans le cas d’externalités négatives, ces fonctions sont généralement appelées « fonctions dommages ». Elles correspondent aussi à des fonctions de « demande d’évitement », des dommages dus à ces externalités (dispositions à payer pour éviter ces dommages). Dans la mesure où existe une demande, il peut se créer un marché avec une fonction « d’offre d’évitement » de l’externalité que nous appellerons (-Emx(x)).

En posant e=xi-x, avec xi=x pour une offre d’évitement nulle Emx(xi)=0, on peut inverser l’axe des abscisses par rapport à xi et représenter la demande d’évitement (-Cme(e)) et l’offre d’évitement Eme(e) en fonction de e=f(t=cste.,yi). C’est ce que nous appelons « marché de l’évitement ».

Figure : Le marché de l’évitement
Figure : Le marché de l’évitement

Nous voyons qu’un « optimum d’évitement » existe en Eme(e0)+Cme(e0)=0. On peut aussi représenter les coûts totaux CX(e) et EX(e), la somme CX(e)+EX(e) ayant bien évidemment un minimum à l’optimum en e0.

Figure : Optimum et minimum des coûts totaux des dommages et de l’évitement.
Figure : Optimum et minimum des coûts totaux des dommages et de l’évitement.

Cette optimum correspond à un certain niveau d’indemnisation et/ou de protection des victimes, un certain facteur de « nocivité » de l’activité t (distances pollueur-victime, niveau de « propreté » de la technique de production de t, etc...).

Notons aussi qu’il existe autant « d’optima d’évitement » e0 que de niveaux d’activité de t. Nous avons donc e0=f(t). Si le marché de l’évitement existe, la fonction de coût externe CX(x) ne dépend plus que de t. Par la suite, de façon plus pragmatique que rigoureuse, on assimile alors Cmx(t) à Emx(t) pour tout t.

C’est l’hypothèse de cette égalité forte qui permet d’envisager une première interprétation du coût d’une externalité CX(x) comme l’ensemble des dépenses EX(x) engagées pour éviter cette nuisance, ou pour s’en protéger.

Revenons maintenant à la distinction entre les approches de Pigou et Coase dans le cas d’une pollution x, en supposant que le marché de l’évitement n’existe pas a priori.

Pour Pigou, si l’on taxe le pollueur suivant Cmx(x), celui-ci va chercher à éviter son niveau de pollution initial de e=xi-x par des solutions appropriées tant que le coût marginal d’évitement Eme(e) (ou Eme(x) ce qui est équivalent) restera inférieur au niveau de la taxe à payer. Il s’arrêtera lorsque Eme(e0)=Cmx(e0). Pour Pigou, c’est le pollueur qui, placé sur le marché de l’évitement par la taxe, va minimiser les coûts CX(e)+EX(e).

Pour Coase, qui estime impossible une telle taxe, c’est une négociation entre victime et pollueur qui conduit à ce même optimum Eme(e0)=Cmx(e0). Mais si le résultat est identique en termes d’allocation des ressources, le résultat en terme de répartition est différent comme nous allons l’illustrer par la théorie des surplus.