2°) La révélation des préférences

La recherche des dispositions marginales à payer consiste en une variante individualiste des évaluations directes des dommages. Plutôt que de construire un indicateur de bien être global, on part à la recherche des préférences des individus concernés par les nuisances par des enquêtes. De telles méthodes se heurtent cependant à des problèmes de « distorsion stratégique » (passager clandestin), d’information imparfaite (relations de cause à effet entre nuisances et dommages mal connues) qui sont bien résumés par André Vianès : « La théorie des préférences révélées oublie que par définition les biens publics doivent être l’objet de décisions de production dont l’information est extrêmement coûteuse et n’est rassemblée qu’au niveau... public ! 87  » (Vianes, 1980). ...

On ne saurait cependant nier l’impact que peuvent avoir de telles enquêtes sur les décideurs politiques, qui en connaissant mieux les préoccupations des individus face à l’environnement, peuvent infléchir leurs politiques de façon significative. De telles enquêtes sur les préférences peuvent notamment mettre en relief des divergences entre les préférences des individus et l’appréciation qu’ont les décideurs de ces préférences. Comme le montre remarquablement Werner Brög (1990) 88 , les décideurs politiques et les experts sous-estiment fortement les dispositions des individus à accepter des restrictions de leur mobilité individuelle au profit d’un meilleur environnement.

Notes
87.

VIANES, André (1980), La raison économique d'Etat, Presses Universitaires de Lyon, 464p., p. 164.

88.

BRÖG, Werner (1991), Sensibilisation de l’opinion au transport public dans la communauté européenne, Socialada, rapport pour l’Union Internationale des Transports Publics (UITP), Bruxelles.