1°) Dégradations de l’environnement social urbain

La progression du trafic automobile urbain s’accompagne d’un phénomène d’étalement urbain qui peut occasionner un certain nombre de coûts collectifs :

  • augmentation des coût des services publics lorsque l’habitat est trop diffus ;
  • augmentation des phénomènes de ségrégations sociale et raciale ;
  • disparition des commerces de proximité dans certains quartiers ;
  • augmentation de l’insécurité dans les secteurs d’habitat diffus.

En nous fondant sur certaines hypothèses qui nous paraissent pertinentes, mais qui restent bien entendu discutables, nous nous nous sommes essayés à un exercice d’évaluation de ces effets pour la France (CROZET, PEREZ, 1995) 120 . A travers cette estimation sommaire, nous avons voulu mettre un coup de projecteur sur une relation de causalité jusqu’alors trop rarement considérée par les économistes. Nos résultats obéissent évidemment moins à un objectif d’exhaustivité qu’à une invitation à approfondir des recherches en la matière. Nos hypothèses ont été les suivantes :

  • les subventions aux transports publics révèlent un coût d’opportunité de la volonté publique d’améliorer l’accessibilité en milieu urbain, dégradée du fait de l’adaptation de l’urbanisme à l’automobile ; ces subventions sont estimées à 14 milliards de francs en 1992 (UTP, 1993) 121 .
  • le budget affecté à la revitalisation de certains quartiers urbains est supposé réparer des dégradations induites par l’adaptation de l’urbanisme à l’automobile, ce budget était de 8 milliards de francs en 1995 122 .

Supposant que ces coûts ne révèlent qu’une partie de l’ensemble des dégradations de l’environnement social urbain, nous avons situé une fourchette de coût entre 30 et 50 milliards de F./an. Notons que ces valeurs correspondent plutôt à des « coûts potentiels » dans la mesure ou la prise de conscience de la relation de causalité entre la croissance du modèle urbain lié à l’automobile et les dégradations de l’environnement social urbain n’en est en France qu’à ses débuts. Si elle devait s’affirmer, comme cela est déjà le cas dans certains pays européens, ces coûts potentiels pourraient effectivement être révélés à travers des politiques nationales plus prudentes vis à vis du développement de l’automobile.

Notes
120.

CROZET, Yves, PEREZ, Marc (1995), Energy consumption and urban transport: toward a new rationality ? communication au séminaire européen ECEEE, Concevoir une nouvelle pratique publique pour le développement durable, 6-10 juin 1995, Mandelieu, France.

121.

UTP (1993), Les chiffres clefs du transport public urbain 1992, France.

122.

Le Moniteur, septembre 1994.