1°) Les théories du choix public

Nous avons évoqué dans le premier chapitre le problème de l’introduction d’une fonction de bien être collectif dans le calcul économique public. Nous avons notamment évoqué le théorème de Arrow, démontrant l’impossibilité d’agréger de façon rationnelle l’ensemble des fonctions de préférences individuelles pour obtenir une fonction de bien être collective. A la suite de Arrow, et malgré son résultat qui établit la vanité d’une recherche de fonction de choix social, de nombreux économistes ont cherché à rationaliser la logique d’une agrégation des préférences individuelles. Le fondement des approches du marché politique, développé notamment par Buchanan, Tullock, Mueller, est ainsi de se servir des outils de l’analyse économique pour mieux comprendre les processus de choix politique.

Pour les approches théoriques du choix public, « la préférence collective » en tant que telle n’existe pas : le champ politique n’est qu’une variante du marché qui peut être analysé suivant les mêmes principes. Le champ politique est ainsi envisagé comme un marché, où, nous précise Xavier Greffe (1994) 211  :

  • « les électeurs ne demandent pas des biens ou des services publics, mais des engagements d’action en contrepartie desquels ils cèdent leurs « droits de vote-pouvoir d’achat » ;
  • les partis n’offrent pas des biens ou des services, mais des engagements à entreprendre certaines démarches ;
  • les gouvernements s’engagent à mettre en oeuvre des interventions en privilégiant la partie des électeurs susceptible de favoriser leur réélection. »

De telles approchent partiront donc de l’hypothèse d’électeur rationnel, ou « d’homo-politicus ». Par la suite elles tenteront d’interpréter de façon rationnelle le fonctionnement de la démocratie : bipartisme (modèle de Hotelling-Downs), multipartisme, groupes de pression, comportement des gouvernants...

Notes
211.

GREFFE Xavier (1994), Economie des politiques publiques, Dalloz, 546p., pp. 344.