1°) Insatisfactions sociales et croissance du besoin de corrections publiques

L’augmentation de l’intervention publique est liée structurellement à l’augmentation du niveau de vie. Lorsque les satisfactions matérielles commencent à être saturées, apparaît une forte préférence fondamentale pour le cadre de vie. Celles-ci se retrouvent dans les choix publics si le jeu démocratique fonctionne, mais elles ne seront pas prises en compte dans le marché. Historiquement, cette croissance de l’action publique est représentée par la « Loi de Wagner ». Yves Crozet résume ainsi la « loi de l’extension croissante de l’activité publique » énoncée par l’allemand Adolf Wagner (1835-1917) : « plus un pays est civilisé -on dirait aujourd’hui développé-, plus l’intervention de l’Etat est nécessaire et importante (...), cela par la complexification croissante des sociétés qui accompagne le niveau de vie, mais aussi l’urbanisation, et une division du travail accrue. Cette dernière conduit entre autres, aux économies d’échelle et aux rendements croissants. Les monopoles ou oligopoles qui en dérivent doivent être contrôlés par l’Etat. Mais l’intervention ne se fait pas seulement par la nationalisation ou la réglementation. Il faut aussi multiplier les productions de services publics urbains : adduction et épuration des eaux, transports publics, éclairage, sécurité, etc. En multipliant les externalités, la ville est un des facteurs clés pour comprendre la progression des dépenses publiques » (Crozet, 1991).

L’environnement, notamment est un bien qui ne peut être préservé que par des choix politiques d’intervention ou de régulation publique. C’est en effet au niveau public que peuvent être mises en place des mesures efficaces de protection de l’environnement. En définitive, dans une société qui voit l’apparition croissante de besoins sociaux, notamment par une dégradation croissante de l’environnement, la non satisfaction de ces besoins par les mécanismes marchands induit un besoin croissant de corrections publiques. Mais la croissance induite du champ de l’intervention publique répond-elle vraiment aux besoins sociaux censés être satisfaits ?