Introduction

Nous avons vu dans le chapitre I comment on pouvait interpréter le problème de l’externalisation des valeurs sociales comme un problème d’insatisfactions croissantes dues à des divergences entre les choix marchands et politiques effectifs, et les besoins sociaux des individus. Nous avons par la suite identifié la crise de la citoyenneté comme un indicateur précieux de ces divergences. Nous savons donc que l’internalisation, c’est-à-dire selon notre définition la reconvergence entre choix marchands, choix collectifs, et préférences sociales passe par une revalorisation des champs de satisfaction sociales.

Mais quel peut être le sens d’une telle revalorisation ? Nous rejoignons bien Durkheim lorsqu’il insiste sur la nécessité d’un encadrement de la société par des valeurs sociales, mais ne restons nous pas dans le domaine des voeux pieux ? Quelle peut être la nature de la construction des structures et institutions permettant qu’un tel encadrement soit véritablement social (c’est-à-dire qu’il assure véritablement les satisfactions des citoyens) ? L’objet de la première section sera tout d’abord d’en préciser le sens, en nous appuyant notamment sur l’analyse institutionnaliste (Commons) et sociologique (Weber, Simmel, Ricoeur, Touraine).

Par la suite, dans notre deuxième section, le constat sur l’indétermination des fins sociales va nous amener à comprendre pourquoi le problème de la traduction des valeurs sociales dans la société par le politique ne peut pas être un problème d’objectifs (des valeurs sociales à évaluer). En opposant les conceptions de l’Etat de Saint Simon et de Tocqueville, nous découvrirons alors un aspect supplémentaire fondamental du principe d’internalisation. Nous en déduirons enfin dans notre troisième section une définition du développement durable de l’humanité face à l’environnement fondée sur un principe d’internalisation des valeurs sociales.